Aujourd’hui encore, 55 % des Français pensent que les personnes sont mises à l’écart du fait de leur maladie. Retrouvons Sandrine Broutin, directrice générale de la Fondation FALRET pour la chronique "Folie ordinaire - Agir pour notre santé mentale".
Simplement parce que la santé mentale nous accompagne tous les jours. Elle fait partie de notre état de santé général. Et elle évolue, tout au long de notre existence, avec des hauts, et des bas. Les déséquilibres sont parfois liés à des maladies : troubles dépressifs, anxieux, bipolaires, schizophréniques etc. Le problème est que ces troubles, et les personnes qui vivent avec, sont particulièrement stigmatisés.
La stigmatisation est un phénomène social que l’on retrouve partout mais qui diffère en fonction des époques et des sociétés.
Les humains ont cette tendance à rejeter ce qui est différent de la norme, c’est-à-dire pour faire simple, du modèle majoritaire du moment ! Et les personnes vivant avec un problème de santé mentale ont été très fortement stigmatisées dans notre pays. Considérées comme fondamentalement différentes, déviantes, elles furent longtemps écartées, enfermées. Tout cela a laissé des traces dans notre société. Aujourd’hui encore, 55 % des Français pensent que les personnes sont mises à l’écart du fait de leur maladie.
En ne reconnaissant pas la personne en tant que pair, en tant qu’égal, on la prive de son pouvoir social. Et ça, c’est le fondement de la discrimination. On porte atteinte à l’égalité des droits et cela entraîne bien souvent la marginalisation et l’exclusion. A cela s’ajoute une stigmatisation dite internalisée, ou autostigmatisation. La personne se sait porteuse de stigmates ; elle est consciente des représentations sur elle –bien souvent négatives et fausses-, et elle les a intégrées. Elle est conditionnée par ces regards ; elle se dévalorise, se sent inférieure, elle a honte, elle s’isole, elle cache ses troubles pour se protéger. Elle préfère dissimuler son état plutôt que demander de l’aide parce qu’elle anticipe les difficultés, le jugement, le rejet, etc.
C’est ça qui est terrible ! La stigmatisation aggrave la fragilité de la personne, et des proches qui souffrent et sont démunis. Elle retarde le diagnostic, l’accès aux soins, et donc le rétablissement. Nous manquons d’informations et de visions porteuses d’espoir. Heureusement, il y a des personnalités et des artistes qui, de plus en plus, brisent le silence et qui osent témoigner de leur vécu avec la maladie.
Leurs récits participent à changer notre regard, à réduire la stigmatisation.
Faire évoluer les consciences nécessite une information et des regards médiatiques, et culturels, plus justes, moins caricaturaux. Par exemple, le Dr Jean-Victor Blanc utilise la culture pop pour sortir des représentations anxiogènes de la santé mentale. Il a reçu le soutien de la FONDATION FALRET pour le lancement ce 7 octobre de POP & PSY, le premier festival pop dédié à la santé mentale. Parce que parler de la santé mentale, ça n’a rien de fou !
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