"Si les écoles et les transports redémarrent, il n’y a aucune raison sur le fond pour que les fidèles ne puissent pas se rassembler" , estime Mgr Matthieu Rougé, l’évêque de Nanterre. Alors qu'Emmanuel Macron avait laissé entendre la semaine dernière, aux responsables de culte des différentes religions représentées en France, que la reprise des cultes pourrait être reportée en juin, de nombreuses voix s'élèvent dans l'Eglise catholique pour réclamer la reprise des rassemblemements cultuels au 11 mai.
L’épiscopat français a élaboré un plan de déconfinement qu’il a remis aux pouvoirs publics en fin de semaine dernière. Un plan qui selon les évêques, "allie le désir résolu de permettre à nouveaux aux fidèles de participer aux sacrements et un grand esprit de responsabilité sanitaire". A partir du 11 mai, les messes, mariages, baptêmes, communions doivent pouvoir être célébrés, la vie ecclésiale doit pouvoir retrouver son caractère pleinement communautaire au même rythme que la vie scolaire, sociale et économique de notre pays, revendique la Conférence des Evêques de France.
Edouard Philippe présente aujourd'hui 15h son plan de déconfinement à l’Assemblée Nationale, avec les modalités du retour à l'école, de la reprise du travail dans les entreprises et du bon fonctionnement des transports publics à partir du 11 mai. La vie religieuse passera-t-elle au second plan?
"La liberté de culte est protégée par la constitution française, et même par la convention des droits de l’homme d’une certaine manière? ce qui nous rappelle qu’il y a aussi une liberté de manifester sa religion, notamment par le culte", souligne le père Cédric Burgun, vice-doyen de la Faculté de Droit canonique de l'Institut Catholique de Paris, au micro de Pauline de Torsiac. Il fait partie des signataires d’une tribune publiée vendredi dernier dans le Figaro, signée par plus de 130 prêtres qui exercent leur sacerdoce dans plusieurs régions de France.
En quoi rentrer dans une église serait-il plus dangereux que de monter dans un bus? Les interrogations sont nombreuses, avec en toile de fond le sentiment que l’on porte atteinte à un principe fondamental, le principe d’égalité.
Un incident a notamment échauffé les esprits. Le 19 avril dernier, le curé de la paroisse Saint-André de l’Europe dans le 8ème arrondissement de Paris a vu avec surprise des policiers faire irruption dans son église pour lui sommer d'arrêter la messe qu’il était en train de célébrer. Une messe qui rassemblait 7 personnes et qui avait vocation à être diffusée sur les réseaux sociaux. Pourtant les lois sur la laïcité de 1905 et 1907 sont formelles. Le ministre du Culte est ainsi le seul en charge de la police intérieure de son église, aussi longtemps qu’il s’agit de préserver l’exercice du culte. La police ne peut intervenir qu’à la demande expresse du curé. Sauf en cas de trouble à l’ordre public.
Le père Cédric Burgun appelle l’Etat à faire confiance aux responsables de culte.
le soin des âmes contribue au bien commun
"Quand un pays est confronté à une grave crise , il ne suffit pas qu’il s’en sorte d’une point de vue économique et d’un point de vue sanitaire. A force d’avoir relégué la religion dans la sphère privée, nous avons peut-être oublié le secours qu’elle peut apporter y compris, d’un point de vue du bien commun et du bien sociétal", ajoute le Père Cédric Burgun.
Pour Mgr Matthieu Rougé, cette reprise des cultes dès le 11 mai est importante également car le catholicisme est une religion de l'incarnation. " Nous sommes une religion de l’incarnation. Nous avons besoin de communier au corps du Christ et de former ce corps en étant rassemblés".
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