Face aux changements climatiques catastrophiques nous sommes invités à remettre en questions notre rapport à la nature. Jacques Tassin est un amoureux du monde du vivant et un scientifique, chercheur en écologie végétale, spécialiste des plantes et des arbres. Au micro de Thierry Lyonnet, il nous parle de son livre "Je crois aux arbres" publié aux éditions Odile Jacob dans lequel il porte "un regard autre sur la figure singulière de l’arbre, sur sa primauté au sein du vivant, et sur la relation profonde qui nous lie à lui". Une leçon d'écologie joyeuse et pleine d'espérance qui nous ouvre à la beauté du monde vivant.
"Nous sommes conviés à nous souvenir que c'est à la planète des arbres que nous appartenons et que notre trajectoire de vie en est inséparable" écrit Jacques Tassin dans son livre. Selon lui, les arbres font partie intégrante de notre matrice humaine. Mieux, les arbres sont à l'origine de tout "parce que nous sommes des primates". Même si au fur et à mesure du temps nous avons quitté la forêt, Jacques Tassin est persuadé que la construction de notre corps et même de notre esprit a été impacté par l'environnement forestier dans lequel vivait l'homo sapiens à l'époque.
Cette influence arboricole est encore bien présente dans la société humaine. Il prend l'exemple de l'architecture de certaines cathédrales, comme la Sagrada Familia. Voûte, colonnes, contreforts, les mêmes termes sont utilisés pour décrire la forêt et les imposantes cathédrales millénaires. La présence prégnante des arbres dans la société se traduit aussi au niveau religieux ou encore physique. Beaucoup de spiritualités font, en effet, références aux arbres dans leur histoire, comme le badyan dans le bouddhisme ou l'arbre de vie dans la tradition chrétienne. "L'arbre c'est une grande figure du vivant mais aussi une grande figure de la pensée" explique l'auteur de "Je crois aux arbres" publié aux éditions Odile Jacob. Physiquement, notre corps est également construit par l'arborescence, les poumons sont un très bon exemple.
Les arbres sont partout en tant que figures [...] mais aussi en tant qu'éléments essentiels de fonctionnement du vivant. C'est à dire que l'ensemble de la biosphère est "suspendue" aux arbres
Jacques Tassin se définit non pas comme un écologiste mais comme un "écologue". Il s'intéresse "aux conditions d'existence du vivant" mais également aux interactions au sein de ce monde. Un notion très importante pour lui, persuadé qu'un" être vivant ne peut être pleinement ce qu'il est, que s'il interagit avec ce qui n'est pas lui-même."
L'étude de ces interactions millénaires permet à Jacques Tassin de démontrer les liens forts qui unissent le vivant végétal et animal et qu'il faut à tout prix protéger afin de préserver un certain équilibre. "Il y a 5000 ans, l'espère humaine avait déjà transformée un quart des surfaces terrestres et on sait bien que c'est bien plus aujourd'hui et ça on ne peut pas faire comme-ci ça n'existait pas" lance-t-il. Cette prise de conscience est nécessaire, voire urgente pour le scientifique mais son discours est plein d'espérance. Jacques Tassin défend une "écologie de la joie" et cherche avec ses recherches "à partir de ce qui nous réjouit, de ce qu'on expérimente et qui peut nous tirer vers l'avant".
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