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Depuis l'incroyable succès "La Vie secrète des arbres" (éd. Les Arènes), le livre de Peter Wohlleben paru en 2015, on se passionne pour les arbres et la forêt. Il n'y a qu'à voir la nouvelle vogue des bains de forêt, une thérapie venue du Japon. En 2016, il y a eu la sortie du film "L'intelligence des arbres" puis la sortie du livre "Les Arbres, entre visible et invisible" (éd. Actes Sud), d'Ernst Zürcher. Cet ingénieur forestier enseignant à l'école École polytechnique de Lausanne publie des articles dans des revues savantes. Dans cet ouvrage, il s'appuie sur une démarche scientifique pour nous révéler les particularités insoupçonnées des arbres.
Que penser de ce regain d'intérêt pour les arbres ? Un effet de mode ? En tout cas il était temps, se dit Ernst Zürcher. Pour lui, c'est plus qu'un effet de mode et c'est même encourageant. "C'est grâce aux arbres qu'on va pouvoir entamer une nouvelle étape qui s'appelle la transition écologique, qui s'appelle le développement vraiment durable, un changement fondamental dans notre manière de travailler avec la nature, plutôt que contre la nature." Ce qui rend Ernst Zürcher optimiste ce sont les remarques inquiètes et les nombreuses confidences de lecteurs ou d'acteurs de la société civile. Une mode comme le "symptôme" d'une société qui se sent déconnectée à la nature.
Avec leur passion pour les arbres, nos contemporains redécouvrent quelque chose qui à certains égards étonne parce que trop évident. Comme si on en est à réapprendre que l'interaction entre l'homme et la forêt peut être bonne. Pourquoi l'a-t-on oublié ? Ernst Zürcher parle de "partenariat de respect", un peu pour dire qu'il y a des règles de réciprocité entre l'homme et la nature et qu'il faut (qu'il suffit) de les respecter. La forêt, comme pompe à carbone, rend service à l'homme et l'homme lui rend service en prélevant du bois, il la maintient dans un "rajeunissement" et provoque des "entrées de lumière".
"Des scientifiques sortent ostensiblement, refusant de se compromettre avec l'obscurantisme... Au cours des années qui ont suivi Ernst Zürcher, a montré que l'obscurantisme était bel et bien du côté de ses adversaires." C'est le botaniste Francis Hallé, dans sa préface au livre d'Ernst Zürcher, qui décrit une scène qui s'est passée en 1995, lors d'un congrès international de chercheurs. Ernst Zürcher y présentait des travaux sur l'influence de la lune sur le rythme de germination des arbres tropicaux, après quatre années passés au Rwanda.
En fait d'"obscurantisme", les plantations forestières monospécifiques et mono-âge. La Suisse en est revenue dès le XXè siècle. "On s'est rendu compte que c'est très fragile ces forêts-là." Et peu à peu nos voisins helvètes sont passés à des "forêts naturelles", c'est-à-dire "qui se régénèrent par elle-même". Des forêts dont "la composition et la structure correspondent aux lois de la nature". C'est qu'il existe bien une "sociologie forestière", et c'est vrai que c'est assez fascinant tout ce que nous apprennent les ingénieurs forestiers et autres spécialistes sur le monde des arbres.
C'est à 18 ans que l'idée de devenir ingénieur forestier est venue à l'esprit d'Ernst Zürcher, quand il a découvert que le métier existait - et assez naturellement puisqu'il est quasiment né dans la forêt. Après cinq ans d'études, il est devenu responsable d'un arrondissement forestier. Un secteur très hiérarchisé en Suisse, où "des gardes forestiers sont responsables de sous-unités avec des bûcherons forestiers". À charge pour l'ingénieur de réaliser l'inventaire, de prévoir une planication forestière, de savoir quel est le potentel de croissance des forêts...
"La foresterie c'est une disciipline qui se se base sur les connaissances des lois de la forêt pour les comprendre, les appliquer, afin d'être partenaire de la forêt pour en obtenir les produit tout en les respectant." Qu'Ernst Zürcher oppose à une certaine agriculture moderne. "L'agriculture moderne est une violence à la nature, on oblige la nature à oublier qu'elle est mélange, on fait des monocultures et lorsque ça va mal, puisque la nature appelle à la rescousse des parasites pour faire disparaître tout ça, on applique des pesticides, des herbicides, comme on les appelle, des biocides, parce qu'on aimerait quelque chose selon sa représentation. Mais pourquoi y a-t-il des parasites sur ces cultures ? C'est qu'elles n'ont pas la composition ni la richesse qu'il faudrait."
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