En pleine crise énergétique, ce Noël s’annonce un peu différent des autres. Cela se constate déjà dans les rues de certaines communes où les illuminations n’ont pas été installées dans le but de faire des économies. D’autres ont carrément décidé d’éteindre les lumières en pleine nuit. Ne serait-ce pas l’opportunité rêvée pour enfin lutter contre la pollution lumineuse qui cachent les étoiles ?
"Depuis peu avec l’augmentation du coût de l’énergie, on voit que l’économie est un levier important pour la prise de conscience", note Guillaume Quemard, le président de l’Association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturne (Anpcen). Même s’il regrette ce "mélange des genres", il espère que l’aspect environnemental de l’éclairage finira par être lui-aussi pris à sa juste valeur par les collectivités et les citoyens.
En 30 ans, le nombre de points lumineux et la quantité de lumière émise ont doublé. D’après Guillaume Quemard, ce développement accru est "mû par la volonté de l’Homme de s’affranchir des cycles diurnes pour ses activités et par la volonté de sécuriser au maximum ses mouvements en jouant sur le phénomène de la peur de la nuit qui revient dans beaucoup de cultures". Une peur qu’il faudrait "déconstruire", estime Annaelle Deville, chargée de mission eau et biodiversité au sein de France nature environnement (FNE).
En plus de laisser un halo ocre par-dessus les villes et villages, empêchant de distinguer les étoiles, la pollution lumineuse est particulièrement nocive pour la biodiversité et la santé humaine. D’abord parce que la lumière perturbe la sécrétion de mélatonine et donc le sommeil. "Elle peut aussi provoquer un effet barrière pour de nombreuses espèces comme pour les chauves-souris ou certains poissons migrateurs, explique Annaelle Deville, mais cela peut aussi en attirer d’autres." Autant de dérèglements qui perturbent les besoins et les habitudes de la faune mais aussi la chaîne alimentaire elle-même en rendant certains animaux plus vulnérables aux prédateurs. "La pollution lumineuse est la seconde cause d’extinction pour les insectes en Europe après les pesticides", indique la chargée de mission.
Dans l’eau aussi, les écosystèmes sont impactés par cette pollution. La lumière bleue, celle que l’on retrouve dans le ciel bleu et dans les écrans, est la dernière à être filtrée par l’eau, ce qui a pour conséquence de perturber le rythme des récifs coraliens et des poissons, des bénévoles de FNE ont lancé l’opération Halo à l’eau, pour limiter l’éclairage autour des cours d’eau.
Depuis 2009, l’Anpcen accompagne les collectivités avec son label Villes et villages étoilés. "Il sert à encourager les collectivités à s’inscrire dans une démarche vertueuse en matière de pollution lumineuse. C’est un signal lancé aux habitants mais aussi aux touristes", explique son président Guillaume Quemard. Et ce, peu importe la taille de la municipalité, insiste-t-il. La ville de Strasbourg est notamment labellisée.
Parmi les axes de progression proposés aux collectivités : la baisse de l’intensité de l’éclairage, l’extinction totale certaines heures de la nuit ou encore le choix de la température de la lumière. En effet, plus elle sera ambrée, moins cela perturbera le rythme circadien de l’Homme et des animaux. C’est d’ailleurs pour cela qu’il est recommandé de ne pas utiliser son téléphone avant de dormir.
À l’échelle individuelle, les citoyens peuvent lutter en intégrant le dispositif Sentinelles de la nuit de FNE qui fait "la chasse aux éclairages illégaux". Par ce biais, il est possible de signaler les magasins qui ne respectent pas les restrictions en laissant leurs éclairages fonctionner après une heure du matin ou de signaler les lampadaires qui diffusent trop de lumière vers le ciel, et que l’on voit encore trop souvent d’après Annaelle Deville.
Cette émission interactive de deux heures présentée par Melchior Gormand est une invitation à la réflexion et à l’action. Une heure pour réfléchir et prendre du recul sur l’actualité avec des invités interviewés par Véronique Alzieu, Pauline de Torsiac, Stéphanie Gallet, Madeleine Vatel et Vincent Belotti. Une heure pour agir, avec les témoignages d’acteurs de terrain pour se mettre en mouvement et s’engager dans la construction du monde de demain.
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