Il s'agit d'un grand tableau peint sur du bois. Je vous ai déjà parlé d’une œuvre peinte sur bois, c’est une technique typique de la fin du Moyen Age. Ce tableau a passé 10 ans dans la chambre à coucher de la supérieure des sœurs hospitalières d’un couvent près d’Avignon jusqu’à ce que Prosper Mérimée, qui décidément est toujours dans les bons coups, essaye de l’échanger contre des œuvres plus récentes en 1834. Peine perdue. Les sœurs gardent le tableau qui entre dans le musée local en 1868. Les historiens sont arrivés à définir que ce tableau décoré originellement la chapelle de la Sainte-Trinité de l’église de la chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon fondée par le pape Innocent IV.
Prosper Mérimée, qui décrit le tableau dans un de ses ouvrages, se trompe dans l’identification de ce tableau. Il pense qu’il s’agit d’un jugement dernier, et nous sommes sûrs qu’il a tort. En effet en 1889, la chanoine Requin, découvre une archive, ce qu’on appelle un prix-fait. Le contrat qui lie le commanditaire et l’artiste. Ce document en français offre une description exceptionnellement précise des 212 personnages peints sur ce tableau. La description est tellement précise que nous connaissons même la nature des étoffes qui vont habiller les figures principales.
Il y a des enfants, des hommes, des femmes mais aussi des diables et des anges. Le tableau est littéralement surpeuplé mais le moins qu’on puisse dire c’est que toute la société médiévale est représentée mais tout le monde est bien rangé. Le tableau est séparé en 3 zones : la plus grande c’est le ciel, il occupe presque les 2/3 de l’espace et le reste est pour la terre et les enfers !
Je ne vais pas vous énumérer les 200 personnages mais il y a des anges avec en tête Michel et Gabriel puis les saints martyrs avec notamment Pierre et Etienne. La litanie continue avec les confesseurs, des cardinaux, des saintes dont les trois Marie. Il y a aussi des angelots et des enfants. Tous, ils regardent et prient devant la scène centrale. Le Christ et Dieu, qui se ressemblent comme deux jumeaux couronnent la Vierge à genoux, les bras croisés sur la poitrine. La Trinité et la Vierge sont représentés bien plus grands que les saints.
Il y aussi de nombreux détails, dans la partie qui représente la terre. C’est une toute petite partie du tableau mais elle est pleine d’anecdotes. On y voit, pêle-mêle, Moïse et le buisson ardent, une représentation de Rome et de Jérusalem qui ressemble beaucoup à des villes provençales. La place de la ville de Rome est animée par toutes sortes de petites scènes très vivantes : des groupes qui discutent, deux hommes qui se battent et une scène très touchante d'une rencontre entre deux moines : un chartreux et un moine grec. Il s’agit de montrer l’unité de l’Eglise. Au centre, on trouve un Christ crucifié. Il fait le lien entre les différents espaces du tableau. Il y a également l’enfer, très bien peuplé. On y retrouve des évêques, un pape. Les damnés sont punis par là où ils ont péché. Les paresseux sont étendus sur un lit brûlant, les blasphémateurs ont la langue arrachée. Ce n’est pas très gai. Heureusement que des anges viennent chercher des personnages pour les faire monter au paradis.
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