Focus sur un documentaire signé Marie Amiguet et Vincent Munier, "La panthère des neiges", qui emmène le spectateur sur les hauts plateaux tibétains aux côtés de Sylvain Tesson.
C’est un film éblouissant, un véritable poème visuel et une ode à la Création, avec des plans sur la nature et sur les paysages époustouflants. Et en même temps avec une vraie dimension de suspense, à la recherche de cette panthère. Et beaucoup d’humour aussi dans les réactions de Sylvain Tesson qui accompagne l’expédition et qui, comme nous, est assez néophyte en matière d’affût d’animaux sauvages.
Vincent Munier est photographe animalier. Il en est à son huitième voyage au Tibet et pour ses deux dernières expéditions, il a donc convié l'écrivain-voyageur Sylvain Tesson et la réalisatrice Marie Amiguet. Il voulait donner une dimension nouvelle à son travail de photographe. Utiliser la puissance du cinéma pour alerter sur la fragilité de la Création. Ajouter le pouvoir des mots à la beauté des images.
Et de fait, on retrouve en voix-off le texte de Sylvain Tesson, qui lui a valu le prix Renaudot cette année pour son livre éponyme. Et qui donne beaucoup de profondeur au film. A propos de l’affût, il parle de "la patience, cette vertu suprême oubliée qui aide à aimer le monde". Et à propos de l’immensité des plateaux tibétains, il répète presque comme une prière "j’ai été regardé et je n’en savais rien", il fait référence à une présence invisible quasi mystique pour lui.
Le film reste en même temps assez drôle. La rencontre de deux personnages que tout oppose : Vincent Munier un plutôt taiseux et heureux uniquement dans le silence de l’affut, insensible au froid et à l’attente. Et Sylvain Tesson -on le connait un peu - plutôt bavard et trublion. Même si ici on lui découvre un visage assez nouveau : il est intimidé et admiratif du travail de son ami. Et il oscille entre une forme de candeur et une auto-dérision assez drôle, sur ses difficultés à s’adapter à ce nouvel environnement, et à son besoin de chaussettes chauffantes.
Il n’y aucune mise en scène particulière, tout est dans le montage. La réalisatrice ne fait que capter des instantanés très naturels, des moments de discussions entre les deux hommes, leurs émotions dans les face à face avec les animaux (il y en a plusieurs, avec des yacks sauvages, avec des ours blancs assez étonnants) Elle, filme plutôt les réactions dans les yeux de Sylvain Tesson. Pendant que Vincent Munier capte les images des bêtes sauvages avec son appareil.
On voit comment cette quête engage le corps et l’esprit. Il nous apprend à lire la nature de manière très concrète, mais aussi à entrer en communion avec le vivant, en mobilisant tous nos sens et notre instinct, que Munier qualifie de vibration qui le pousse à se déplacer. Pour finir, un mot sur la musique. Très belle bande originale signée de Warren Ellis et Nick Cave. Le chanteur avait déjà contribué à un autre grand documentaire animalier, c’était pour le Peuple migrateur de Jacques Perrin. Il avait collaboré avec Bruno Coulais. Et là encore il prête sa voix grave aux cordes et aux mélodies contemplatives de Warren Ellis. Ca donne le titre principal "We are not alone" dont les paroles ont été traduites des textes de Sylvain Tesson.
Le mercredi c'est le jour où sortent les nouveaux films au cinéma. C'est aussi le jour pour écouter, à 8h45, La Chronique cinéma de Valérie de Marnhac !
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