Scandaleuse et subversive. C’est de cette manière dont a longtemps été décrit le French Cancan. Bien plus qu’une danse, cet art fut un véritable moyen d’émancipation pour les femmes.
La charge, la mitraillette, la cathédrale, le port d’armes. Ces mots sont bien connus des amateurs de French Cancan. Il s’agit en effet de mouvements et de pas du Cancan, une danse qui a émergé à Londres en 1868. Nadège Maruta, ancienne soliste de French Cancan au Moulin-Rouge, et aujourd’hui chorégraphe et écrivain, a voulu s’intéresser à ce qui se cachait sous les jupes à frou-frou et derrière ces chorégraphies explosives.
"Il a fallu aller au-delà du déni et du dénigrement. On considère les danseuses de Cancan comme des filles de mauvaise vie. Du moins au XIXème siècle. C’est toujours la difficulté du rapport au corps" explique Nadège Maruta. Elle revient sur l’origine du Cancan. "En 1825, on danse le quadrille, où il n’y a aucune improvisation. Il y a un maître à danser et on se doit de suivre les indications du maître à danser. C’est extrêmement codé" ajoute l'auteure de "L’incroyable histoire du Cancan" (éd. Parigramme).
Cette année-là, les maîtres à danser décident d’offrir aux danseurs une séquence d’improvisation de quelques mesures, uniquement réservée aux hommes, et qui s’appelle le cavalier seul. C’est une rupture totale qui change l’ordre du bal. C’est l’entrée du chahut. Mais ce n’est réservé qu’aux hommes. Sans s’en rendre compte, les maîtres à danser de l’époque viennent d’ouvrir une sorte de boîte de Pandore.
Ce chahut a pris de l’ampleur dans certains bals, situés en périphérie du Paris de l’époque. Il a progressivement gagné le centre de la capitale, à Montparnasse, où les étudiants n’étaient pas en reste. "On traversait l’espace de danse sur le ventre, on se mettait la tête en bas. Et à partir de là, on se rendait au bal, pas seulement pour danser, mais pour observer" lance Nadège Maruta. Pendant cette séquence d'improvisation masculine, les femmes devaient rester immobiles. Elles ont voulu commencer à répondre à leurs cavaliers...
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