Dieu existe-t-il ? Eternelle question que Blaise Pascal a formulé dans son célèbre pari. A découvrir avec Jean-Paul Mongin, écrivain et directeur de la collection "Les Petits Platons".
Blaise Pascal fut un génie dès l’enfance, savant, polémiste, philosophe, mathématicien…Il va d’abord briller dans les sciences en publiant son premier traité de géométrie à l’âge de 16 ans, en inventant la machine à calculer à 19 et aussi, on le sait moins, les transports publics, la presse hydraulique, ainsi que la brouette. Mais Blaise Pascal, contrairement à beaucoup d’autres auteurs de son époque , Molière, Racine Corneille ou La Fontaine, auteurs que nous venons de citer, n’est pas un homme de cour.
Après une expérience mystique à la fin de l’année 1654, il choisit à 31 ans de vivre une vie pauvre et solitaire, consacrée à la recherche de la vérité et l’amour de Dieu. Il ne va alors plus exercer sa réflexion et sa plume que dans le seul souci d’amener à la conversion ceux de ses contemporains. Les libertins du XVIIème siècle ne sont pas forcément des personnes aux moeurs dévoyées, mais avant tout des matérialistes qui affichent une certaine liberté de pensée face à l’autorité religieuse et soutiennent l’autonomie morale de l’homme. Pascal critique leur prétention à s’élever seuls à la vérité. En brillant polémiste, il les appelle demi-habiles. Et c’est à eux qu’il va proposer son fameux pari.
De deux choses l’une, dit Pascal, soit Dieu existe, soit il n’existe pas. On ne peut pas le savoir avec certitude, on est dans la position du participant à un jeu de hasard. Mais que perdons-nous si nous vivons selon les préceptes de la religion, alors que Dieu n’existe pas ? Quelques plaisirs éphémères, peut-être. Par contre, que risquons-nous si nous vivons en libertins, dans l’ignorance de Dieu, alors qu’il existe ? La damnation éternelle. Il faut donc “parier” sur l'existence de Dieu : car l’espérance de gain pour le croyant est infinie - cela s’appelle le paradis. En bref, Dieu ou pas, on n’a rien à perdre en vivant vertueusement.
Ce pari présente l’acte de foi comme articulé à un intérêt bien compris. Or on peut douter de croire que la foi procède de la volonté. Pascal lui-même avait conscience des limites de son argumentaire. Mais il avait cette élégance de se placer avec lui sur le terrain même des libertins : celui de la contingence, du jeu et de la rationalité. Un pari philosophique qu’on retrouve dans la Visite d’un jeune libertin à Blaise Pascal, racontée par Claude-Henri Rocquet, illustrée par Sylvestre Bouquet au sein de votre collection Les petits Platons.
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