Dans un an, le 11 novembre 2020, Maurice Genevoix fera son entrée au Panthéon. Les pages magistrales de son œuvre " Ceux de 14 ", qui racontent la Grande Guerre à hauteur d’homme, ont nourri nombre d’historiens parmi lesquelles Aurélie Luneau, docteur en histoire et productrice à France-Culture, co-auteure de cette première biographie "Maurice Genevoix, suivi de Notes des temps humiliés" (Ed.Flammarion), qui en dévoile un aspect moins connu, son intérêt pour l’écologie.
Livre censuré
Sur sa promotion de 240 Normaliens, 90 ont été blessés et 120 ont été tués pendant la guerre. Parmi ceux-ci : son grand ami Robert Porchon, Saint-Cyrien, qui avait à peine 20 ans. "C’est un drame absolu pour Genevoix", raconte Aurélie Luneau. A l’époque, ce livre a été censuré laissant des espaces blancs à la place des scènes de panique, des passages sur la justice expéditive ou des critiques vis-à-vis de l’état-major.
Les joies simples du terroir
Né dans un bourg rural au bord de la Loire, Maurice Genevoix écrit dans son œuvre: "C’était le temps où tout était stable, assumé dans ses racines, les us, les coutumes, le clocher, la monnaie, les sous-préfectures, la propriété individuelle". "Son œuvre est pleine de joies simples. Même dans Ceux de 14, il y a des moments de joie, d’extase et de rencontres. Il suffit du chant d’un oiseau, d’un chat qui passe, du regard d’un cheval pour qu’il retrouve cette présence souveraine de la vie. Même au pire des moments, il y a ces regards qui lui disent : la vie est toujours là", évoque Jacques Tassin, au micro de Frédéric Mounier, soulignant la "musicalité" de ses textes, son "acuité sensorielle d’exception" et sa "capacité à saisir l’émotion au contact du vivant".
Prier à travers la création
"A partir des années 70, on le voit s’élever contre des opérations d’urbanisation galopante. Quand il a parcouru le Canada, il avait déjà un regard sur les méfaits de l’homme, sur la destruction de la biodiversité", raconte Aurélie Luneau. Les mots de Maurice Genevoix, chrétien qui veut admirer Dieu à travers la création, semblent aujourd’hui parfaitement s’inscrire dans la dynamique Laudato Si du Pape François. "C’est un homme qui a tout compris de ce qu’il se passe aujourd’hui et qui nous parle d’humanisme et des relations des hommes entre eux ", assure l’historienne. "C’est une personne qui défendait la vraie liberté", conclut Jacques Tassin, invitant notamment à lire "La forêt perdue".
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