Quand la petite histoire rencontre la grande... Dans Mémoire vivante de Lorraine, Thierry Georges reçoit des Lorrains de naissance ou d'adoption qui racontent leur histoire. Dans ce double épisode, rencontre avec Charles Lucien François, 96 ans, « malgré-nous » pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Charles Lucien François est né le 18 avril 1926. Il nous a accueilli dans sa maison forbachoise pour un double épisode de « Mémoire vivante de Lorraine ». À l’âge de 14 ans (en 1939) il est évacué avec sa famille par trains spéciaux en Charente. Il y travaille comme commis dans une ferme. En 1940 toute la famille part s’installer dans le Pas de Calais (près de Lens). Charles Lucien est engagé pour travailler dans une mine de charbon, en tant que trieur. Dès l’âge légal de l’incorporation (17 ans), il est réquisitionné de force (comme tous ses camarades) dans l’armée allemande. Charles Lucien François était ce qu’on appelle un « malgré-nous », terme qui désigne les Alsaciens et les Mosellans enrôlés contre leur gré dans la Wehrmacht. Nous sommes en été 1943.
Un enrôlement qui laisse des traces indélébiles, en témoigne une photo de Charles Lucien, jeune, avec le symbole de la croix gammée sur le bras, qui saute immédiatement aux yeux. Charles Lucien François nous glisse alors une anecdote frappante sur cette photo : « Ma femme avait une tante qui venait de Compiègne. Quand on s’est marié, elle a vu cette photo. Elle m’a alors demandé d’enlever la photo. Je lui ai dit non, car c’est ma jeunesse. Ce n’est pas de ma faute si j’ai ça (le symbole de la croix gammée). C’est de la faute des Français », regrette-t-il en faisant référence à la trahison du Maréchal Pétain, qui a collaboré avec les nazis, notamment à travers le Régime de Vichy. Les mémoires de près d’un siècle de Charles Lucien François sont à écouter sur RCF.
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