Les prochaines élections municipales auront lieu entre le 15 et le 22 mars 2020. Dans cinq mois nous serons appelés à nous rendre aux urnes pour le premier tour des élections municipales. L'enjeu est de taille, dans une France marquée par les revendications des "Gilets jaunes", où les citoyens demandent davantage de service public et d'être mieux pris en considération. Et si les élus suscitent pour beaucoup la défiance, la figure du maire, elle, reste populaire, synonyme de proximité.
"Il y a un problème culturel plus qu’un véritable mépris. Ils sont sortis de la vie réelle et ont du mal à se reconnecter", disait le géographe Christophe Guilluy au sujet des élus sur LCI en 2016. À cet égard il semble que le maire n'est pas un élu comme les autres. Il reste l’élu de proximité par excellence, celui à qui on s’adresse pour faire part de ses griefs ou de ses satisfactions. Et qui conserve une image positive. "J'observe que parmi les élus les maires sont populaires, confie Christophe Bouillon, à chaque fois qu'on fait une enquête, et on le fait assez régulièrement, on voit bien que les maires sont plébiscités et ce n'est pas un hasard, c'est parce qu'ils sont dans la proximité."
La mort du maire de Signes (dans le Var), Jean-Mathieu Michel, le 5 août dernier, a suscité une prise de conscience au sujet de l'engagement des maires. Ces acteurs de terrain "indispendables au quotidien" et dont "on ne pourrait pas se passer", pour le président de l'Association des petites villes de France. Il rappelle que c'est "une chance extraordinaire" d'avoir 35.000 maires en France, que l'on serait "incapable" de "remplacer par des agents publics".
Accomplissant un véritable sacerdoce, épuisés par une charge parfois écrasante, les maires ne se sont pas toujours soutenus par l’État, ils ont souvent l’impression qu’on leur demande toujours plus avec de moins en moins de moyens disponibles.
"La question est comment on utilise davantage la connaissance dont ils disposent de la société." Cédric Szabo observe que "l'administration centrale ne connaît pas le monde rural et en plus, et c'est là où c'est plus préoccupant, elle ne s'y intéresse que très peu".
S'il a sans doute fallu attendre le mouvement des "Gilets jaunes" pour se rendre compte que la France est un pays fracturé, ces fracturent ne datent pas d'hier. Et les maires "avaient alerté" sur le "sentiment très fort" vécu par les habitants des petites villes "d'une forme de dépossession", selon Christophe Bouillon. Désert médical, affaiblissement des services publics... Grâce aux cahiers de doléances et de propositions émis à partir de décembre 2018, "on a bien vu remonter toute l'épaisseur et le caractère très concret des souffrances et des habitants des territoires ruraux", raconte Cédric Szabo, directeur de l'AMRF, qui représente 22 millions d'habitants.
Déjà en 1947, Jean-François Gravier évoquait "Paris et le désert français". Plus de 70 ans après, la France des centres urbains serait celle où l'on trouve les meilleurs emplois, services et formations. Et l'autre France, elle, ressemblerait à "une forme de vide"... Mais "même à l'intérieur des métropoles aujourd'hui, vous avez dans des villes des déserts médicaux, explique Sébastien Perrotel, la France est fracturée mais les villes le sont aussi". Face à ce délitement, les maires sont en première ligne.
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