C'est l'histoire d'un adolescent qui vit à Paris dans le quartier latin, qui grandit, qui devient un jeune homme puis un homme mûr. Le critique littéraire Patrick Kéchichian écrit 'La défaveur' (éd. Ad Solem). Un récit très personnel - mais écrit à la troisième personne - où il décrit son histoire intérieure. Une autobiographie qui évite les écueils du genre et s'exerce à parler le plus possible de la faiblesse de l'homme spirituel.
'En tant que lecteur, critique, le genre autobiographique n'est pas celui qui m'attire le plus', explique d'emblée Patrick Kéchichian. Un genre qui cède pour lui trop facilement à la 'complaisance' ou au 'narcissisme'. Et pourtant, lui qui a entrepris d'écrire le récit de sa vie intérieure a dû se faire à l'idée qu'il était bien en train de rédiger sa propre autobiographie.
C'est l'histoire d'un jeune homme né de parents immigrés arméniens venus s'installer dans les années 20-30 à Paris, dans le quartier latin. Et qui, à un moment précis de sa vie, il s'est tourné vers le catholicisme. A-t-il donc fini par se réconcilier avec ce genre littéraire qui lui est si 'moralement et esthétiquement très étranger' ? Il confie avoir en tout cas le sentiment d'avoir résolu un 'dilemme'...
Certains de ses lecteurs ont trouvé Patrick Kéchichian sévère envers lui-même. Si la nécessaire pudeur s'est imposée à lui comme la forme à donner à son récit, par exemple en parlant de lui à la troisième personne, il va parfois jusqu'au dénigrement. 'Je me flagelle', confirme-t-il. Mais pas de masochisme se défend-il. 'Si je pèse le pour, je pèse aussi le contre.'
ÉCOUTER ⺠C'est quand je suis faible que je suis fort
'La faiblesse a été une notion avec laquelle je devais m'expliquer.' Si Patrick Kéchichian livre son parcours spirituel, c'est notamment pour se demander 'ce qu'il en est de cette faiblesse'. Dans la pensée chrétienne, elle est traitée par les plus grands théologiens. Mais ici elle est vécue, plus que pensée. D'où la nécessaire pudeur adoptée par l'auteur de 'La défaveur'. 'Une certaine force est nécessaire pour parler de sa faiblesse, pour la mettre à nu.' Patrick Kéchichian confie avoir surtout travaillé les mots et les phrases, plus que la construction narrative. Adopter non plus pour soi mais pour les autres un langage intérieur : un exercice de style vers une forme repensée du genre autobiographique.
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