Dans la nouvelle proposition de loi, portée par plusieurs dizaines de parlementaires, il est question d'une "fin de vie libre et choisie". La légalisation du suicide assisté, qui sera l'un des thèmes de la prochaine campagne présidentielle, est-elle une solution face au "mal mourir" ? Quelles conséquences pour les familles ? On en parle avec Marie-Sylvie Richard, religieuse xavière, médecin formatrice à la Maison médicale Jeanne-Garnier, docteure en éthique médicale et membre du département d'éthique biomédicale au Centre Sèvres à Paris.
Examinée en avril dernier, la nouvelle proposition de loi "donnant et garantissant le droit à une fin de vie libre et choisie" est portée par plusieurs dizaines de parlementaires. Ceux-ci souhaitent notamment la légalisation du suicide assisté. Qu’un soignant puisse donner la mort : n’y a-t-il pas là un antagonisme ? Marie-Sylvie Richard précise que le médecin "prescrit une dose médicalement létale". Dose que "seul le malade décide de prendre ou pas". Il ne s’agirait donc pas d’un acte médical mais d’une responsabilité médicale. Reste qu’avec une telle proposition de loi, on franchit un cap.
Il y a un point "très étonnant" dans cette proposition de loi, selon Marie-Sylvie Richard : que le médecin assiste à l’administration du médicament létal. Ce n’est pas le cas en Suisse, par exemple, où le suicide assisté est légal. Une mesure que la spécialiste des soins palliatifs trouve inexplicable. Actuellement, les soignants doivent veiller à ce que le malade prenne son médicament. Il ne faudrait pas qu'il se sentent contraint de prendre la dose létale parce que le médecin est présent...
Souvent dans les films c’est le courage des familles qui est montré, quand celles-ci en viennent à accepter la décision d’un proche de mettre fin à ses jours et décident de l'accompagner jusqu'au bout. En réalité, les conséquences du suicide assisté sur l’entourage, on les connaît mal. Car on peut taire sa souffrance pour respecter la liberté de l’autre. "Je pense qu’on a aussi beaucoup de dégâts...", confie Marie-Sylvie Richard.
On entend souvent dire que l’on meurt mal aujourd’hui en France. C’est en tout cas ce que disent les partisans de la légalisation du suicide assisté. Mais est-ce réellement le cas ? En tout cas, la formule laisse sceptique Marie-Sylvie Richard. "Je pense que la mort fait toujours peur", répond-elle. La religieuse rappelle qu’il y a des morts paisibles et d’autres difficiles et que cela dépend des pathologies, des symptômes et même de la vie de la personne. "Certaines peuvent mourir très angoissées, d’autres dans la paix."
Par ailleurs, on sait aujourd’hui de mieux en mieux soulager la douleur : c’est d’autant plus étonnant de voir que tant de personnes souffrent dans leurs derniers instants de vie. Y a-t-il un manque de formation, d’information sur les moyens qui existent ? Un manque d’écoute de la part du soignant ? Au-delà du soulagement de la douleur, il est important également "que la personne ne soit pas seule, et aussi qu’elle soit considérée", insiste la religieuse. "Tant qu’il y a un dialogue, même une relation infra verbale, au-delà des mots, c’est important pour la personne car elle est encore quelqu’un."
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