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A Val Dieu vit une communauté … de laïcs

Un article rédigé par Armelle Delmelle - 1RCF Belgique, le 22 juillet 2024 - Modifié le 22 juillet 2024
La balade de l'été : de sacrées escapadesAbbaye de Val-Dieu : la communauté de laïcs

Depuis 2001, la communauté religieuse qui vivait à l’abbaye de Val Dieu a quitté les lieux. C’est alors qu’une communauté de laïcs s’est créée et s’y retrouve encore de manière régulière. Michel Gilsoul était déjà présent en 2001 et est aujourd’hui le responsable de la communauté. Rencontre. 

Michel Gilsoul, responsable de la communauté interviewé par Armelle Delmelle ©Elise Vanesche/1RCF BelgiqueMichel Gilsoul, responsable de la communauté interviewé par Armelle Delmelle ©Elise Vanesche/1RCF Belgique

AD (Armelle Delmelle) : Depuis quand y a-t-il une communauté de laïcs à Val Dieu et non plus une communauté religieuse ? 

MG (Michel Gilsoul) : Nous sommes effectivement une communauté de laïcs, mais c'est avant tout une communauté qui se définit comme une communauté de chrétiens. Et dans la Communauté, il pourrait très bien y avoir des prêtres, des diacres. Je suis diacre permanent, donc je suis plus tout à fait laïc. Mais dans l'Église, il y a beaucoup de grâces et tous les dons de la grâce sont très variés. 

Notre communauté existe depuis 2001. Les trois derniers moines ont quitté l'abbaye, le 21 mars 2001, et fin 2001, il y a eu un groupe de personnes, un embryon de communauté qui a vu le jour et qui a repris l'animation du site. 

AD : D’où vous est venue cette envie du premier embryon de communauté laïque ?

MG : C'est un truc un peu fou finalement, si vous me demandez pourquoi je suis ici, je vous répondrai, je n'en sais rien. 

C’est peut-être l'esprit Saint, je n'en sais rien. Il y avait quand même le désir d'avoir une vie rythmée par une prière régulière. On était frappé par le fait que Val Dieu, c'est quand même un peu un petit sanctuaire. Il ne faut pas comparer avec Banneux ou que sais-je. Mais on était frappé de voir qu'au Val Dieu, la Basilique était ouverte tous les jours et que des gens venaient se recueillir toute l'année et donc ça nous avait interpellé. C’était dommage de devoir fermer les portes de la Basilique.

AD : Vous étiez déjà impliqué dans la vie de l’abbaye avant de créer la communauté ?  

MG : Oui, car étant diacre et habitant la paroisse voisine de Julémont, je venais de temps en temps donner un petit coup de main aux moines. Mon épouse Nicole ne venait quasi jamais ici. Ce qui nous a attiré, c'était le désir de la vie rythmée par la prière et les psaumes. Avec mon épouse, nous vivons ici depuis 2007. Cela fait presque 20 ans et dans deux ans, nous fêterons les 25 ans de la communauté chrétienne du Val Dieu. 

AD : De manière générale, qui sont les personnes qui font partie de la communauté ? 

MG : On dit toujours, en rigolant, c'est une communauté à géométrie variable. Tous les états de vie sont en principe accueillis ici. Donc il y a des couples, des célibataires, des personnes qui maintenant se sont retrouvées seules, des hommes, des femmes, des familles. Il y en a qui résident ici en permanence. Pour le moment, nous sommes quatre à résider ici et les autres habitent dans les environs et viennent nous rejoindre en fonction de leurs disponibilités. 

AD : Quel est votre rôle en tant que responsable de la communauté ? 

MG : On ne joue pas aux moines ou aux moniales, mais nous nous sommes inspirés très fort dans la charte de la communauté, de l'aspiration de Saint Benoît, des cisterciens qui restent les garants du projet et qui, très concrètement, restent propriétaires des lieux. 

Dans la règle de Saint Benoit, si on résume, il y a le désir de chercher ensemble, donc, la notion de vivre ensemble. Et donc de s'écouter. Si on regarde la règle de Saint Benoît, rien que les premiers mots du prologue :

écoutes, mon fils, les préceptes du maître. Ouvre l'oreille de ton cœur. Accueille, accepte les conseils d'un vrai père et suis-les effectivement.

Tout est là-dedans. 

Cette règle organise donc un peu la vie de la Communauté au niveau de la prière, mais aussi au niveau du vivre ensemble. Et donc, dans notre Communauté, le responsable, ou la responsable, est élu par les communautaires comme dans les monastères pour un mandat. Ici, c'est tous les trois ans renouvelables. Et donc oui, dans la Communauté, il faut qu'il y ait un responsable, avec son Conseil, parce que comme ça, si on doit prendre une décision, c'est plus sympa de prendre conseil auprès des frères et des sœurs. 

Alors pour en revenir à la salle du chapitre, où nous nous trouvons, nous nous y réunissons tous les jours pour y lire le chapitre de la règle de Saint Benoît. Comme dans tous les monastères. Normalement cela s’arrête là, mais ici comme la pièce est plutôt cosy au niveau de l'acoustique et du chauffage, nous y vivons aussi tous nos temps de prière quotidien. Le matin nous avons les Laudes qui se terminent par la lecture de la règle de Saint Benoît, et puis le soir, nous célébrons les Vêpres avec l'eucharistie ou une liturgie de la parole. 

AD : Ceux qui vivent à l’extérieur viennent-ils à tous les temps de prière ? 

MG : Nous avons beaucoup de souplesse parce qu’il faut que nous respections dans la vie la "hiérarchie des oui". Les couples qui ont des enfants, leur premier devoir, c'est d'abord de veiller à l'équilibre de la famille. Il y a des obligations professionnelles aussi à remplir. Ce ne serait pas juste de venir ici à Val Dieu pour tous les temps de prière, donc il y a beaucoup de souplesse. 

AD : Est-ce que les personnes extérieures, peuvent venir vivre certains moments de la vie de Communauté avec vous ? 

MG : Tous les temps de prière sont toujours accessibles à tout le monde, donc concrètement, quand on est dans la salle du chapitre, on ouvre les portes du cloître qui donnent dans la basilique et les célébrations sont retransmises dans la Basilique. Comme ça les visiteurs de passage peuvent nous rejoindre dans nos temps de prière. 

AD : Pour célébrer les Eucharistiques, avez-vous un prêtre assigné ?

MG : Non, au début de la Communauté, pendant 17 ans, on a vécu avec l'eucharistie uniquement le dimanche et les jours de fête. Et puis, nous avons eu un prêtre qui était pensionné et qui a proposé ses services. Ainsi, pendant 5 ans, nous avons donc eu l'eucharistie tous les jours. Lorsqu’il n'a plus pu rendre ce service, ça a été l'occasion d'avoir des contacts un peu plus étroits avec les prêtres du doyenné des environs. En général, nous avons l'eucharistie de toute façon les weekends et en semaine. S'il n’y a pas de prêtre qui vient, nous vivons une célébration de la parole. 

AD : Est-ce que vous proposez, en dehors des temps de prière et des eucharisties, des activités pour le public ?  

MG : Oui, la communauté chrétienne du Val Dieu doit veiller à l'animation globale du site. Donc très concrètement. Il n'y a pas que les visites de la Basilique, nous avons un magasin dont nous sommes responsables, on organise des visites guidées de l'abbaye, de la brasserie et c'est la communauté qui en est responsable. Val Dieu s'est fort développé ces 10 dernières années au niveau du tourisme comme la région de Herve et donc il y a de plus en plus de monde qui vient sur le site

Nous avons aussi ouvert le parc au public, il y a 15 ans, c'est devenu le joyau de l’abbaye. Dans ce parc, la Communauté a essayé d'y partager ce qui la fait vivre : la parole de Dieu. Nous avons donc créé un parcours de vie avec des passages bibliques. C'est une façon pour la Communauté d'accueillir les touristes et de leur proposer ce qui nous fait vivre. 
On dit en rigolant qu’on essaie de garder la pastorale de la fourchette. Les gens viennent ici pour la bière et le fromage et nous essayons de mettre dans leur assiette un peu de notre nourriture spirituelle : la parole de Dieu, la joie d'accueillir la grâce de l'Esprit Saint. 

AD : Proposez-vous une hôtellerie comme d’autres abbayes ?  

MG : Non, mais nous essayons d'avoir une écoute particulière envers nos visiteurs. Dans la Basilique, il y a beaucoup de gens qui viennent se recueillir devant Saint Bernard, devant Notre-Dame du Val Dieu. Pour vous donner une idée, on allume environ 50 000 bougies par an. Il y a du passage et tous ceux qui viennent n’allument pas forcément des bougies. 
Nous essayons donc de les accueillir. L’accueil de l’autre est important dans un monastère. Nous le faisons en leur donnant la possibilité d’accéder au site. En essayant d'être attentif et puis en essayant d'y créer un climat de simplicité et de paix. Très concrètement, on essaie de veiller au silence. Si vous entrez dans la Basilique, c'est un choix qu'on a fait, nous ne diffusons pas de musique, même pas de la musique sacrée. Le silence est un ami que l'on retrouve dans les monastères, c'est une denrée rare. 

Retrouvez notre entretien complet avec Michel Gilsoul dans la Balade de l’été.  
 

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