Celui qui s’est déjà promené du côté de l’abbaye de Val Dieu n’a pas pu manquer la flèche de sa basilique. Le cuivre oxydé lui donne une couleur verte reconnaissable entre tous les autres clochers de la vallée. Nous vous proposons aujourd’hui de découvrir l’histoire de cette basilique perdue dans la vallée de la Berwinne.
C’est avec François Remy que nous visitons la basilique Notre-Dame du Val Dieu. Il est historien et guide à l’abbaye et nous accueille à la porterie avant de nous emmener dans une salle qui fait le lien entre le cloître et la basilique. Notre premier arrêt est situé devant une porte aujourd’hui condamnée.
La vie des moines se divise entre la prière, le travail et le repos. Tout doit être concentré en un seul lieu et donc un passage direct entre le cloître et la basilique. Cette porte datait du 13ᵉ siècle, comme l’abbaye, et permettait au moines de chœur d’entrer.
Aujourd’hui, nous empruntons la seconde porte, celle des moines convers dont le chœur se trouvait à l’arrière de la basilique.
Au milieu de l’architecture gothique et néo-gothique, François Remy nous fait découvrir un monument qu’il apprécie particulièrement. Il s’agit d’un mémorial installé là après la Seconde Guerre mondiale, pour rendre hommage à deux moines entrés en résistance et dont il contient les urnes : Frère Étienne et Frère Hugo.
C’est grâce à eux que l’église est devenue basilique. Ensemble, ils ont fait en sorte d’échanger des informations avec l’extérieur, écrit un journal résistant et caché des anglais et des juifs dans les caves de l’abbaye. Le tout au nez et à la barbe des allemands qui rendaient régulièrement visite aux moines. Tous deux seront fusillés à Utrecht en octobre 1943.
Notre guide nous lit une lettre qu'il a retrouvée dans les archives. Pas n'importe laquelle car il s'agit de la dernière que le Père Etienne a envoyé à son père, juste avant d'être fusillé le 9 octobre 1943.
Aujourd’hui, le toit de la flèche qui trône sur la basilique est repérable à des kilomètres à la ronde. C’est en réalité une copie de l’ancienne flèche présente avant la révolution.
“À la Révolution, les moines ont dû fuir et des familles ont reçu l'abbaye en héritage. Ces familles ont décidé de vendre le clocher pour une église de Verviers Notre-Dame des récoltes. Ça n'a pas été bien fait et en 1840, ils ont commencé à démonter l'ancien clocher en commençant par les grosses pièces à la base. Avec le vent, tout le clocher a vacillé et est tombé vers la nef.”
L’église est donc restée avec un toit béant pendant les 40 années qui ont suivi. C’est en effet le temps qu’il a fallu au moines, revenus entre-temps, pour récolter les fonds et reconstruire. Pour clôturer la rénovation, la copie de l’ancien clocher est réalisée en 1934. Le toit est alors recouvert de plaques de cuivre qui se sont oxydées avec le temps.
Retrouvez notre entretien complet avec François Remy dans les podcasts de la Balade de l’été.
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