Voilà un disque qui pourrait apparaître au pied du sapin pour les fêtes de Noël. "Les Trois dernières sonates de Beethoven", par Anne Queffélec et fraîchement paru chez Mirare, offre un émerveillement garanti. Celle qui est aujourd'hui l’une des plus grandes pianistes françaises est venue nous présenter ces sonates pleines d’émotion et de complexité.
Force, stupeur et émerveillement. Voilà ce que ressent Anne Queffélec à l’écoute de ces trois dernières sonates de Beethoven, les trois dernières d’une longue série de 32 sonates, conçues tel un journal intime musical pendant plus de 30 ans. Pour la célèbre pianiste, Beethoven est un peu la substantifique moelle de la musique : "Il fait partie des nourritures essentielles, vitales, quasi quotidiennes, des sources auxquelles il faut s’abreuver en permanence, car il a lui-même eu une sorte de relation physique organique avec le piano", explique Anne Queffélec au micro de Jacques Nouvier.
Se frotter à l’œuvre de Beethoven, ce compositeur incontournable, cela ne se fait pas sans "difficultés", concède la pianiste. Bien qu’ayant conscience de l’ergonomie de la main sur le clavier, Beethoven a souvent privilégié le texte aux dépens de l’aspect physique. "Il force un peu plus la nature que quelqu’un comme Mozart", estime Anne Queffélec, pour qui la difficulté technique met encore plus en valeur les œuvres.
Pour mieux faire entendre toute la beauté et la complexité de l’œuvre de Beethoven, Anne Queffélec a enregistré son dernier album au Théâtre Auditorium de Poitiers (TAP). Un lieu avec une acoustique atypique particulièrement intéressante. "Ce théâtre sonne de façon très heureuse pour le piano car il y a beaucoup de bois. Surtout, il a une dimension relativement moyenne donc on n’est ni dans l’enfermement d’un studio étroit, ni dans une grande salle, seul avec son piano et sans public." Une acoustique très appréciée par les musiciens (et les ingénieurs du son) qui se marie à merveille avec l’interprétation faite par la pianiste.
C’est dans la dernière sonate, l’opus 111, et particulièrement dans le deuxième mouvement appelé "arietta", que l’on saisit le mieux le contraste dans l’œuvre de Beethoven. "Je trouvais très émouvant le titre même de ce mouvement qui signifie petit air, c’est un mot très humble, presque enfantin", sourit Anne Queffélec.
Dans cet opus de pas moins de 20 minutes, "il y a des moments où on est dans l’obscurité de la nuit, dans le grave du piano et d’autres où au contraire on s’envole dans l’aigu, presque comme si on se retrouvait dans une voie lactée sonore. Beethoven nous emmène dans une sorte de labyrinthe dangereux sur le plan de la mémoire, comme s’il voulait nous désorienter pour le meilleur", analyse la pianiste. Mais c’est, dit-elle, une "belle perte de connaissance".
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