Pourquoi aime-t-il tant les chevaux ? Bartabas ne l'explique pas vraiment, lui dont le nom est intimement lié à celui du théâtre équestre qu'il a fondée en 1984, Zingaro. Si ses spectacles l'ont rendu célèbre dans le monde entier, c'est le cheval plus encore que le cavalier qui y est à chaque fois célébré. Des animaux que Bartabas aime passionnément. Il leur rend hommage dans son ouvrage, "D'un cheval l'autre" (éd. Gallimard, 2020).
Pourtant d'un naturel pudique, Bartabas n'hésite pas à dire de quoi est fait son rapport intime aux chevaux. "Je pense que je suis fait des chevaux, explique-t-il, ce sont eux qui m'ont fabriqué pratiquement." Chapparo, Zingaro, Le Caravage, Horizonte... Dans "D'un cheval l'autre", son récit autobiographique, Bartabas évoque quelques-uns des 150 chevaux qu'il a connus. Au fil de ses souvenirs, il raconte ce "lien charnel" qu'il a eu avec eux. "Et en quoi ils m'ont construit et permis d'exister."
Ce sont les chevaux qui lui ont permis d'apprivoiser les humains. Sur RCF, il y a une dizaine d'années, il a dit un jour : "Les chevaux m'ont aidé à vivre parmi les humains." Dans son ouvrage il écrit : "À Zingaro, je me sens parfois entouré de trop d'humains... Trop de besoin d'amour. Les chevaux, eux, n'exigent rien de moi."
Fils d'un architecte et d'une médecin, né en 1957 en région parisienne, Clément Marty a toujours été fasciné par les chevaux. "Je ne me l'explique pas trop ma passion des chevaux, je suis né à Courbevoie, ce n'est pas une région qui pullule de chevaux !" Il n'y avait pas non plus d'éleveur ou de champion d'équitation dans sa famille. Ce dont il se souvient, c'est qu'à l'âge de cinq ans, il a appris à "vaincre sa peur" et à monter sur un cheval. Car l'enfant qu'il était en faisait déjà l'expérience, "la fascination, c'est un mélange d'admiration et de crainte".
Vers l'âge de 17 ans, peu après un accident de mobylette - sans doute y a-t-il un lien - il a eu un déclic. Le jeune Clément Marty a décidé qu'il allait suivre son "envie de vivre une aventure et d'apprendre en faisant". C'est donc en tant qu'acteur qu'il s'est d'abord produit, directement dans la rue. Puis, assez vite, il a acheté son premier cheval, Hidalgo. "C'est assez drôle parce qu'il y a évidemment un grand parallèle entre l'aventure donquichottesque et l'aventure zingaresque, j'ai toujours été un peu poursuivi par ce personnage de Don Quichotte."
Enfant, il voulait être entraîneur pour jockeys, jusqu'à ce qu'il préfère entraîner les chevaux que les humains, comme il le dit en souriant ! "Ce qui m'intéresse vraiment c'est la relation. Pour moi dresser un cheval, c'est créer un vocabulaire commun déjà entre l'homme et l'animal, ensuite une grammaire pour pouvoir dire des choses et commencer à faire des enchaînements, et ensuite dire des poèmes ensemble." Des poèmes qui sont faits "de silences et de soupirs". Au fil de sa carrière d'artiste, en approfondissant ce lien de l'homme à l'animal, Bartabas a exploré le sens des mots et la force de l'écriture. "Il y a une grande similitude entre l'écriture et le dressage du cheval."
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