Anne-Marie Javouhey, le cardinal Consalvi, Edmond Michelet, Marie Noël, Charles de Gaulle... Parce que "raconter leur destin, c’est dire ce qu’est la foi chrétienne", le journaliste Bernard Lecomte se penche sur ces hommes et ces femmes d'époques et de sensibilités différentes qui ont compté dans l'histoire du monde et de l'Église. Il est l'auteur du livre "Ces chrétiens qui ont changé le monde" (éd. Tallandier, 2022).
"Que le pape dirige une communauté de 1,3 milliard de fidèles très concernée par l’avenir du monde, échappe totalement à mes confrères journalistes", écrit Bernard Lecomte dans son blog. Dans son livre aussi, le journaliste, spécialiste du Vatican et biographe de Jean Paul II, s’insurge contre la brutale marginalisation du christianisme dans nos sociétés contemporaines. "Au lieu de brasser des idées là-dessus, explique-t-il, on va tout simplement partir d’une idée : c’est que le christianisme, figurez-vous, ce sont des chrétiens !"
Des chrétiens comme Anne-Marie Javouhey, le cardinal Consalvi, Léon XIII... "Raconter leur destin, c’est dire ce qu’est la foi chrétienne." Depuis des générations, ils ont semé, chacun à leur façon, des graines d'espérances. Ils ont fait vivre en paroles et en acte la sagesse des évangiles. Certains sont connus et d'autres moins. Dans "Ces chrétiens qui ont changé le monde" (éd. Tallandier, 2022), Bernard Lecomte décrit l'histoire de 12 chrétiens. En voici quelques-uns...
La Révolution française a été pour Anne-Marie Javouhey (1779-1851) le creuset d’une prise de conscience. Fille peu cultivée de paysans bourguignons, elle a vu ses convictions renforcées quand le curé de son village a un jour disparu. Convaincue de la nécessité de former les jeunes, elle a fondé la Société des Sœurs de Saint-Joseph, à Cluny. Et quand, il y a très exactement deux siècle, elle est partie pour Saint-Louis du Sénégal, alors colonie française, elle a eu "la conviction que, d’abord, une femme et un homme, c’est pareil, et qu’un Noir et un Blanc c’est pareil !". Comme le précise Bernard Lecomte, "c’était totalement fou de penser des choses pareilles à cette époque ! Le journaliste voit dans Anne-Marie Javouhey une féministe et une anti-esclavagiste avant l’heure.
Le 29 août 1799, quand le pape Pie VI est mort - "la grande victime de la Révolution et du Directoire", écrit Bernard Lecomte - toute l’Europe a cru que c’était la fin de l’Église catholique. Lors du conclave réuni à Venise, l’un des rares territoires sous la protection d’un souverain catholique, un homme a compris à quel point la situation de l’Église était compliquée. Désigné comme secrétaire du conclave, le cardinal Ercole Consalvi, a aidé Pie VII à reconstruire cette Église. "Il est l’un des grands personnages de la première du XIXe à qui l’Église doit vraiment beaucoup !" Et notamment d'avoir su résister à Napoléon Ier...
Il a été élu en 1878, après le scandale des obsèques de Pie IX, où les républicains italiens ont voulu jeter son cadavre dans le Tibre. Vincenzo Gioacchino Pecci, 68 ans, était évêque de Pérouse depuis 30 ans. De nature "assez libre par rapport à la doxa vaticane de l’époque extrêmement réactionnaire", Léon XIII a été à l’origine de ce que l’on a appelé "le ralliement". Ce moment de l’histoire de l’Église de France, où le pape a encouragé les catholiques de France à ne pas s’enfermer chez les monarchistes. Cela a été "un tournant absolu dans l’histoire de France et de l’Église", résume Bernard Lecomte. Autre tournant : la publication de son encyclique "Rerum novarum" en 1891, par laquelle Léon XIII a inventé la doctrine sociale de l’Église.
L’actualité s’enracine dans notre histoire. Chaque événement peut être relié au passé pour trouver des clés de compréhension. Relire l’histoire, c’est mieux connaître et comprendre le présent. Chaque semaine, Frédéric Mounier, auteur du blog Les Racines du présent, invite des historiens à croiser leurs regards sur un sujet contemporain pour mieux appréhender notre présent et envisager l’avenir.
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