La chronique Sacré Patrimoine - Agir avec La sauvegarde de l'art français. Les livres et les manuscrits anciens constituent un pan du patrimoine mobilier à protéger. Les précisions de Philomène Vuillard.
Quand on parle de restauration de patrimoine, on pense facilement aux vieilles pierres ou tableaux de musée. Mais les livres et les manuscrits anciens constituent aussi un pan du patrimoine mobilier à protéger. La Sauvegarde de l’Art français a ainsi décidé de s’allier avec La Reliure du Limousin, qui est un atelier spécialisé dans la restauration de documents anciens, pour créer un prix en mécénat de compétence. Chaque année, La Reliure offre ainsi son expertise à un lauréat pour restaurer un document ancien.
Ce prix existe depuis l'année dernière. Quand La Sauvegarde de l'Art Français l'a lancé, les projets candidats avaient d’ailleurs été très variés. Plusieurs manuscrits religieux ont été proposés, comme un antiphonaire. C’est un recueil de chants liturgiques, qui datait ici de 1755. Et un graduel, un recueil manuscrit de chants grégoriens, cette fois du XVe et en vieux flamand.
Autre trésor présenté : une Bible polyglotte en neuf langues, dont l’éthiopien, datée du XVIIe et qui est d’ailleurs la première Bible connue à présenter autant de langues. La Sauvegarde de l'Art Français a aussi eu des documents civils avec des atlas ou cadastres de plusieurs cimetières parisiens ou, plus palpitant, les récits de voyages d’un explorateur irlandais au XVIe siècle.
C’est finalement le candidat le plus ancien, un bréviaire clunisien du XIIIe siècle, qui a remporté le prix. Une vraie rareté puisqu’il s’agit d’un des rares témoins du Moyen-Âge occidental conservés à l’Institut catholique de Paris. Sa restauration est désormais achevée et il va bientôt pouvoir retrouver l’ICP pour être présenté au public et aux chercheurs.
La restauration se fait en trois parties. D’abord le corps d’ouvrage, c’est-à-dire l’intérieur. Là il faut en général commencer par nettoyer les feuillets au pinceau, avec la précaution que vous pouvez imaginer quand les ouvrages ont presque 800 ans. Ensuite on vient combler les lacunes avec du papier japonais, et éventuellement faire à plat une numérisation qui permettra de le consulter sans l’abîmer.
Puis vient le travail sur la reliure : là on vient dépoussiérer, remplacer ou rénover les coutures qui tiennent les feuillets ensemble, avec tout un travail de recherches historiques en amont pour les refaire à l’identique et combler les lacunes avec du cuir adapté.
Et enfin, il y a le conditionnement avec la création d’une boîte sur mesure, généralement en toile – notamment pour protéger la coiffe de l’ouvrage, c'est-à-dire la partie supérieure de la reliure qui risque de frotter quand on le sort de l'étagère, d’où la boîte. Ce bréviaire a nécessité pas moins de 250 heures de travail.
L’appel à candidature pour le Prix 2024 est ouvert jusqu’au 15 août. Si vous êtes une collectivité, une institution, un musée, ou toute autre personne publique avec un projet de restauration du patrimoine écrit, la Sauvegarde de l’Art Français attend vos candidatures avec impatience.
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