Les chrétiens sont particulièrement investis dans le secteur de l’édition ! Livres, magazines, quotidiens, bandes dessinées, les publications sont nombreuses, dans un souci de parler à tous. Qu’en est-il du marché de l’édition chrétienne en France ? Quelles sont ses forces, ses faiblesses, ses dynamiques et à quels défis d’avenir est-il confronté ?
"Un éditeur, c’est quelqu’un qui a la curiosité d’accepter les personnes qui ne sont pas de son avis", déclare en début d’émission Bruno Nougayrède, président du groupe Élidia qui regroupe plusieurs maisons d’édition dont trois anglées principalement sur la religion comme Artège, Desclée de Brouwer et Nouvelle Cité. "Ces maisons d’édition témoignent bien de la diversité de l’Église avec des lignes éditoriales différentes", explique-t-il.
Pour Marc Leboucher, éditeur aux éditions Salvator, les maisons d'édition chrétiennes sont les premiers lieux de confluence et de rencontres entre les éditeurs, les auteurs, et les futurs lecteurs. Elles partagent un message similaire et promeuvent la foi chrétienne. "On ne doit pas simplement se contenter d’être derrière son ordinateur, il faut aller à la chasse aux auteurs !" avoue-t-il.
Selon un rapport du Syndicat national de l’édition, le secteur des livres de religion et d'ésotérisme pèse 48,3 millions d’euros entre avril 2021 et avril 2022, avec des ventes qui ont augmenté de 25 % grâce notamment à la réouverture des lieux de culte et des librairies après la pandémie de Covid-19. Malgré un regain d'intérêt pour ces ouvrages religieux, les ventes restent néanmoins inférieures qu'avant. "Il y a 30 ans, on considérait un livre comme un ouvrage à succès quand ce dernier faisait 10.000 ventes. Aujourd’hui, quand on atteint 2.000 à 3.000 exemplaires, on est super contents", témoigne Marc Leboucher.
Des statistiques en baisse qui peuvent s'expliquer par une diminution de la pratique religieuse, et de moins en moins d'adeptes de lecture. Un autre facteur est lié aux e-books, ces livres numériques qui permettent aux lecteurs de lire n’importe quel ouvrage sur leur tablette tactile à un coût moins élevé qu'un livre papier.
Malgré le numérique qui est un frein majeur à la lecture, le livre est "le seul moyen de comprendre la pensée de l’auteur. Il oblige le lecteur à articuler sa pensée au message véhiculé par l’écrivain, ce que l’audiovisuel ne pourra jamais accomplir. Le livre reste un excellent moyen pour se nourrir intellectuellement, j’ai fait le choix de me spécialiser dans ce milieu car je voulais transmettre”, déclare Bruno Nougayrède. "Le livre c’est un objet que l’on peut offrir, il faut souligner la dimension qui s’exerce entre le livre sur tablette et le réel", précise Marc Leboucher.
Quand le nombre d’auteurs se raréfie car il y a de moins en moins de lecteurs, la foi chrétienne quant à elle, n’est plus aussi présente qu’avant. Comment les éditeurs s’adaptent à cette évolution de la société ? Selon Bruno Nougayrède, la difficulté principale de l'Église, c’est de faire passer son message. Pour beaucoup de gens, le christianisme est un ensemble d’interdictions. Il a donc souhaité véhiculer un message et transformer l’hostilité du monde contemporain sur l’Église en proposant des thématiques plus larges. "Il faut porter le fer du débat dans l’opinion catholique. Nous ne voulons pas être une communauté trop marginale. Il y un défi de visibilité et c’est à nous de s’adapter", explique l’éditeur Marc Leboucher.
Aujourd’hui, les sociétés d’édition chrétiennes se modernisent et s’adaptent à la demande tout en restant dans la vision religieuse. Les catalogues d’ouvrages se diversifient et d'autres formats sont proposés comme la bande dessinée pour la jeunesse, ou encore des thématiques environnementales et scientifiques. Marc Leboucher et Bruno Nougayrède insistent aussi sur l’importance d'acheter des livres en librairies qui sont confrontées à de réels défis économiques, liés au marché de l'Internet.
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !