Jacques de Chauvelin de La Sauvegarde de l’Art Français nous emmène en bord de mer, à la découverte de l’église Saint-Évroult à Agon-Coutainville dans la Manche.
C’est une église implantée sur le point le plus haut de la commune, en bordure de l'estuaire de Régneville. Du sommet de la tour clocher, on a en effet une vue imprenable sur la côte qui permet de distinguer Jersey, les îles Chausey, Granville et la cathédrale Coutances. L’église, construite à partir du XIe siècle, a été constamment remanié jusqu’au XXe siècle comme en témoignent les différents types de maçonnerie et d’appareillages encore visibles aujourd’hui.
Son plan est assez simple, une nef à trois travées, deux chapelles, un chœur gothique splendide mais surtout une tour-clocher haute de 26 mètres. Celle-ci est implantée à la croisée du transept. De plan carré, elle est composée de trois niveaux et épaulée aux angles par de massifs contreforts. Elle présente une triple fonction : cultuelle bien sûr, défensive et maritime.
Pour l’usage maritime, la description de l'abbé E.Régnault au XIXe siècle, décrit les élévations extérieures du clocher comme recouvertes d'une "couche de mortier blanchi", afin de servir d'amer aux marins. L'enduit de chaux de teinte blanche (dont on distinguait des vestiges avant travaux en façades Ouest et Nord) est une disposition postérieure à la construction du clocher, liée à la fonction de point de repère pour les navigateurs de la tour à partir du XVe (même si cette datation est incertaine). La tour clocher avait aussi un rôle défensif du XVIe au XVIIIe siècle, comme en témoigne les meurtrières au dernier étage du clocher, qui permettaient l’usage de mousquets et petits canons pour défendre le havre de Régneville.
Défendre nos côtes depuis le clocher d’une église n’est plus nécessaire. Mais ce qui est très intéressant dans le projet de restauration entrepris par la commune et une dynamique association à partir de 2019, c’est qu’on a voulu rendre à l’église son rôle de point de repère en entamant à cette époque d’importants travaux de réfection, notamment de la tour clocher. La Sauvegarde de l’Art Français a par ailleurs contribué à ce chantier en donnant 10 000 € pour la restauration de la tour-clocher, de la couverture et des élévations extérieures du chœur et la reprise du transept. Nous avons donc là un exemple de parti pris de restauration osé, mais qui prend en compte la valeur historique et mémorielle du clocher car le choix de la restauration rappelle le souvenir de la navigation à laquelle est liée la dimension côtière de l’église.
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