L’une des plus belles salles de l’ancien palais des princes-évêques de Liège, l’actuel bureau du procureur général, montre un décor de tableaux dits de justice insérés dans un beau lambris rococo. Ces toiles sont signées du nom d’un obscur peintre local : Henri Detrixhe.
Tout le monde s’accorde à considérer l’ancienne salle des séances du Conseil ordinaire de la principauté de Liège, sorte de cour d’appel civile, comme l’une des plus riches du palais. Son décor rococo intègre une série de tableaux montrant, d’une part, des allégories des Vertus et, d’autre part, des scènes historiques tirées de l’histoire antique et évoquant une justice exemplaire. Ces peintures sont datées de 1742 et elles portent la signature d’un peintre quasiment inconnu nommé Henri Detrixhe (1711-1775).
Au départ d’un petit tableau conservé au Musée des Beaux-Arts de Liège et rendu à Englebert Fisen (1655-1733), il a pu être démontré que Detrixhe avait copié les cinq scènes tirées de l’histoire antique d’une série de tableaux que Fisen avait peints en 1690 pour décorer cette même salle. Tout ce décor a disparu dans l’incendie du palais du 23 mars 1734, mais les esquisses de Fisen avaient manifestement été conservées et on demanda à Detrixhe de les copier pour restituer le décor, ce qui explique pourquoi les tableaux toujours en place aujourd’hui apparaissent fortement imprégnés du style de Fisen.
Jusqu’en 2021, l’obscur Detrixhe n’était guère connu dans la littérature que pour ses tableaux du palais et pour un bouquet de fleurs ornant une cheminée du château d’Aigremont. Par comparaison de style avec les tableaux du palais, il a été possible de lui restituer le décor peint original de la chapelle de l’hospice, aujourd’hui réaffecté, du Vertbois ; cette attribution a été confirmée par les archives de l’institution. Les tableaux du Vertbois ornent l’église paroissiale de Juprelle depuis 2018.
Son style étant ainsi mieux connu, c’est une soixantaine de tableaux conservés qui peuvent être aujourd’hui donnés à ce peintre extrêmement productif qui travailla tant dans le domaine de la peinture historique, mythologique, allégorique, religieuse que comme peintre de fleurs, de scènes de genre, de natures mortes, d’architectures ou de portraits. Si ce n’était pas un grand maître, c’était à tout le moins un artiste très complet.
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