"Donner la parole aux invisibles" avec Tiffany Tavernier et Bélinda Cannone

En vérité, Alice

Alice est une jeune femme qui aspire à une vie épanouie. elle aime un homme qui ne lui rend pas vraiment cet amour, mais voilà : quand on aime, on ne choisit pas l’autre pour ses défauts, il faut bien faire avec. Quand elle trouve du travail et commence à enquêter sur le vie des saints, une part du voile se déchire : et s’il était possible de vivre sans avoir toujours peur ?

Avec Tiffany Tavernier, dans Roissy, son roman paru en 2018, place était faite à ces invisibles qui vivent dans les entrailles de l’aéroport… Mais aujourd’hui, on est avec Alice, une femme victime d’un mari possessif, imprévisible, qui l’enferme. Jusqu’au jour où elle trouve un travail au diocèse de Paris : elle va compléter les dossiers des personnalités remarquables que l’Eglise voudrait déclarer saints.

En vérité, Alice, de Tiffany Tavernier, est publié chez Sabine Wespieser.

Les Vulnérables

Belinda Cannone les appelle « les vulnérables » parce qu’ils sont en marge, parce qu’ils se fondent dans le décor et survivent sans que quiconque ne fasse vraiment attention à eux. Ils ont pourtant de la volonté, nourris de l’énergie du désespoir.  Neuf nouvelles, neuf portraits,  à chacun ses itinéraires.

Belinda Cannone est sur tous les fronts, essais, romans, enseignement, tribunes et nouvelles aussi. Autant de modes d’expression pour analyser le monde d’aujourd’hui et la vie de nos contemporains, notamment autour de la question du désir. Aujourd’hui, dans ce nouveau recueil de nouvelles, elle dresse le portrait des invisibles, ces jeunes qui fuguent, les personnes à la rue…

Les Vulnérables de Belinda Cannone et publié chez Stock.

LE COUP DE COEUR

Un livre bouleversant, la correspondance de Pavlo Matyusha avec sa femme Viktoriya. Ils sont ukrainiens, lui s’en engagé pour faire face à l’invasion russe, elle s’est réfugiée en France avec leurs trois enfants. « Je suis si heureuse que tu aies recommencé à m’écrire des lettres. Cela me rappelle ces années où tu étais encore un jeune cadet, dans l’armée. Tes lettres écrites à la main, je les ai toutes gardées… », écrit-elle. « Depuis que je me suis enrôlé, je t’ai envoyé des tonnes de textos. A propos de tout et de rien. Des tonnes de rien en fait. Mais dans les lettres que je t’écris, c’est différent », lui réplique-t-il. Ils parlent de la guerre, des enfants, de leur vie passée. « Mon cher Pavlo, j’ai peur de penser au futur », confie-t-elle. « Les héros, oui, ils sont partout. Ils ont le visage de cette caissière, dans le café proche du front qui sert les soldats, ils ont le visage de cette petite fille orpheline, ils ont le visage des fermiers qui labourent les champs, j’aime notre peuple ukrainien. »

Entre les lettres, Doan Bui, grand reporter pour L’Obs, garde trace cette histoire, de ces lettres, qui sont comme en écho à ce qu’ont connu ses parents au Vietnam. Il y a des centaines de victimes, des milliers d’Ukrainiens chassés de chez eux. C’est ce que raconte l’histoire si personnelle de Pavlo et Viktoriya Matyusha.

Lettres d’amour et de guerre, éditions de l’Iconoclaste.