Le 25 septembre c'est la journée mondiale des pharmaciens ! À cette occasion, Jean Pruvost revient sur l'histoire de ce mot, en remontant jusqu'à son ancêtre, l'apothicaire..
Cette semaine, cher Jean, vous vous êtes penché sur des actualités qu’on a tendance à oublier, celles correspondant aux journées mondiales et, parmi celles-ci, il y a, le 25 septembre, la Journée mondiale des pharmaciens, un sujet concret qui nous concerne tous.
Eh bien en fait si aujourd’hui on court chez le pharmacien pour tel ou tel médicament, du XIII e au XVII e siècle on se rendait chez l’« apothicaire », c’est-à-dire celui qui concoctait et vendait diverses préparations. Le mot « apothicaire » est d’ailleurs à l’origine du mot « boutique », mais on va en reparler. Il faut réalité attendre 1620 pour qu’apparaisse le « pharmacien », mot issu de la « pharmacie », elle- même attestée au XIV e siècle mais avec une orthographe qui rassurerait les enfants l’écrivant spontanément avec
un f. De fait, sans le savoir, ils ont raison étymologiquement, puisque c’est ainsi qu’est né le mot en français, qui n’avait d’ailleurs pas du tout le sens
contemporain. La « farmacie » désignait en effet tout d’abord une purgation et, au XIV e siècle, on lit par exemple que cette « pharmacie l’a purgé d’une humeur aiguë ». Il faudra attendre 1575, avec Ambroise Paré, père de la chirurgie moderne, pour que la « pharmacie » soit la science des remèdes. On a alors écrit « pharmacie » comme aujourd’hui, rappelant ainsi son origine grecque, « pharmakon » signifiant alors curieusement en grec « remède » …et « poison » !
En effet, c’est le moment où la pharmacie est devenue la profession du pharmacien. Les étudiants disent d’ailleurs encore qu’« ils font pharmacie ». Dans notre premier dictionnaire, celui de Richelet en 1680, la pharmacie est définie comme « l’art de guérir par des remèdes ». Et on signale alors qu’il y a « deux sortes de pharmacie, la Galenique ; la Chimique ». La « Galenique » est celle qui a pour origine le savoir de Galien, grand médecin de l’Antiquité et, dit Richelet, elle « est la partie de la Médecine qui enseigne le choix, la préparation ; la mixtion des médicaments ». Dans le fond, c’est le sens moderne. Et l’autre pharmacie était dite « chimique », consistant à « connaître les parties » dont sont composés les corps. Richelet d’ajouter que
« la matière de la pharmacie est le remède, et son sujet le corps humain, ; la finalité la connoissance des remèdes de la santé ».
Volontiers et comme promis en effet. C’est du grec « apothêke » signifiant « boutique » qu’est venu le mot « apothicaire », mais aussi en passant par le provençal et par suppression du « a » initial, le mot « botica » donnant la « boutique », dépôt à l’origine, où comme on le sait se vendaient aussi des remèdes, cette dernière spécialité devenant ensuite celle du seul « pharmacien ». Il reste que, s’agissant du pharmacien, en consultant
mes amis auteurs de mots croisés, c’est un véritable festival de définitions qu’ils m’ont procuré pour faire deviner le mot. Jugez-en sur pièce : « sa boutique a du cachet », ou il « travaille au cachet ». Ou bien, plus hiérarchique « une huile croix verte », l’huile représentant comme on le sait un personnage important. Ou encore, en jouant sur l’homonymie entre une région et un mot argotique : « Homme du Médoc » ! Quoi qu’il en soit, pharmaciennes et pharmaciens, on vous aime intensément, mais paradoxalement on ne souhaite pas venir vous voir souvent !
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