Lundi 7 avril 2025, Robert, la sixième et dernière cloche de la ronde de l'Abbaye Royale de Fontevraud a pu faire entendre sa voix. Une arrivée en grande pompe qui ne s'est pas faite sans difficulté.
« Tu penses que ça passe ? »
En ce lundi 7 avril 2025, certains visages grimacent et d’autres sont marqués par l'inquiétude. Tous sont plantés devant un camion-grue, bloqué devant l’un des portails d’entrée de l’abbaye royale de Fontevraud, car trop grand. L'angoisse est d'autant plus importante que le véhicule transporte une précieuse cargaison. S’ils sont nombreux à suer à grosses gouttes sous un soleil de plomb, c’est que ce camion achemine Robert, la sixième et dernière cloche commandée par l’abbaye.
Car c’est un moment historique qui s’est joué ce lundi à l’abbaye royale de Fontevraud. Le monastère était privé du son de ses cloches depuis la révolution française, des cloches toutes fondues en pièces de monnaie. Mais aujourd’hui, l’abbaye a enfin retrouvé sa voix. Robert et ses cinq tonnes de bronze, conçu dans une fonderie Normande, a fait un long trajet jusqu'en Maine-et-Loire. Un nom choisi en hommage au fondateur de l’abbaye royale (en 1101), l’ermite Robert d’Arbrissel. La boucle est bouclée. Le bourdon est venu rejoindre ses consœurs qui affichent les noms prestigieux d’Aliénor, Richard, Gabrielle, Pétronille et Julie. Certaines d'entre elles sont déjà présentes depuis 2019 dans le jardin de l’abbaye. Mais transporter cette cloche de près de deux mètres cinquante, la plus lourde et la plus grande de la série, n’a pas été une mince affaire.
Finalement, après de très longues minutes d’angoisse et plusieurs manœuvres délicates, le camion-grue et sa précieuse cargaison s’arrête à quelques mètres de l’abbatiale. Désormais, c’est aux campanistes de la société Lussault Laumaillé de prendre le relais. Olivier Ripoche est l’un d’entre eux. Et s’il a déjà installé les petites sœurs de Robert, ici, un petit détail change beaucoup de choses.
Le poids ! Elle fait deux mètres de diamètre, cinq tonnes. Ça fait 33 ans que je suis dans le métier, et je n’ai jamais manœuvré de tel gabarit. C'est un événement pour moi aussi malgré mon expérience.
Ils seront cinq à s’affairer dans l'opération, bien aidé par le bras articulé du camion qui soulève sans peine le bourdon. Et sous les flashs des photographes, le regard des caméras de télévision, et de quelques visiteurs, la star du jour, Robert, peut enfin faire entendre sa note : un Sol 2.
Un honneur laissé à Emmanuel Morin, directeur artistique de l’abbaye royale de Fontevraud, submergé par l’émotion.
C'est exceptionnel ! Ça m'a cassé les pattes, parce que c'est puissant, wow, c'est pas de la clochette quoi ! Le bourdon, on le fait sonner dans des moments solennels. Alors peut-être qu’à chaque centaine ou milliers de visiteurs, à un lancement de concert, ou une inauguration d'exposition on le fera sonner. Mais c'est tellement puissant en termes de timbre, que c'est un petit bébé qui naît à chaque fois.
Une œuvre conçue par l’artiste Françoise Pétrovitch, qui, comme les autres cloches, pourra être utilisée par les visiteurs de l'abbaye qui pourront l’approcher de très près. Car ces cloches n’ont pas vocation, en tout cas pour l’instant, à retrouver le beffroi de l’abbatiale. Le risque est trop grand pour l’ouvrage du 13ème siècle. L’inauguration officielle de Robert aura lieu ce samedi. Sachez que Robert d’Arbrissel sera l’objet et le sujet de la prochaine émission « L’Anjou toute une histoire » diffusée ce jeudi 10 avril sur RCF Anjou.
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