Des pardons de Bretagne à Compostelle, Gaële de La Brosse a le virus de la marche. Pour elle la beauté d'un pèlerinage est dans l'esprit du chemin. Elle explique sa spiritualité de la route.
Quelle différence entre randonnée et pèlerinage? L'expérience à laquelle nous initie Gaële de La Brosse n'a rien d'une promenade mais n'a pas pour objectif la performance physique. Ce qui compte ce n'est pas non plus le lieu vers lequel on va, mais comment on y va. Ce qui importe donc, c'est le chemin. Et même l'esprit du chemin. Elle vient de publier 'Guide des chemins de pèlerinage' (éd. Presses de la Renaissance / Pèlerin), où elle décrit 35 des plus beaux itinéraires.
Jérusalem, Rome, Compostelle, Assise, Chartres, Fatima, le Mont-Saint-Michel, le Tro Breizh... C'est à se demander quelles routes Gaële de La Brosse n'a pas encore parcourues. La marche, elle l'a dans le sang comme les Bretons ont les pardons dans leur 'ADN'. L'enfant de Dirinon participait autrefois aux pardons de Rumengol, Sainte-Anne-d'Auray, la Pointe Saint-Mathieu ou La chapelle du Folgoat. Aujourd'hui elle ne cesse de partager cette passion qui l'anime. En avril dernier, elle a organisé le Forum des chemins de pèlerinage à Paris, dont RCF était partenaire.
L'esprit du chemin, la rédactrice en chef du blog Chemins d'étoiles l'incarne et le cultive. Depuis qu'en 1986 elle a reçu 'un choc' spirituel. C'était à Saint-Jacques de Compostelle. 'Et là j'ai ressenti un choc très profond, comme si j'avais été frappée par la foudre, une sorte d'appel.' Un appel à continuer la route, sans cesse. Même si dans les années 80 un grand nombre de routes n'étaient pas encore aussi balisées qu'aujourd'hui.
'Si je n'étais pas arrivée à Saint-Jacques comme ça un jour d'été je ne sais pas ce que serait devenu le petit grain de sénevé que j'ai reçu lors de mon baptême.' Gaële de La Brosse a fait de la marche un cheminement spirituel, intérieur. 'Ma foi, c'est la spiritualité de la route.' En 2010 elle a dirigé la publication d'un 'Guide spirituel des chemins de Saint-Jacques' (éd. Presses de la Renaissance), devenu un succès de librairie.
Pourquoi pèlerinage et pas randonnée? 'Ce qui fait la différence c'est le but, le cheminement.' En amoureuse des mots, Gaële de La Brosse, aime revenir à leur racine. 'Pèlerin', nous explique-t-elle, au sens propre du terme, vient de 'peregrinus' et de 'per ager': le pèlerin est 'celui qui, littéralemment, traverse le champ pour aller au-delà de sa propriété'. Quitter ses parents, sa patrie, sa famille pour renaître à soi et aux autres. Voilà qui est éminement biblique!
Chaque année, ils sont des milliers à s'élancer sur les chemins de pèlerinage, mûs par le goût de l'effort, la soif spirituelle ou l'envie de changer de vie... Peu importe. Toutes les raisons sont bonnes pour se lancer sur le chemin. Jean-Christophe Rufin, dans 'Immortelle randonnée' (éd. Gallimard, 2013) décrit les différentes étapes par lesquelles passe le marcheur. De la souffrance physique, comme une première prise de conscience de son être corporel, à une ouverture des sens, en passant par un sentiment de communion avec la nature.
Ce qui compte c'est 'le cheminement', nous dit Gaële de La Brosse. Et c'est souvent à notre insu, selon le rythme lent de la marche, que s'insinue dans les interstices de notre volonté et de nos efforts ce qui fait de nous un pèlerin. Cette façon d'être ouvert à l'autre, d'aller au-devant de soi, de percevoir que nos vies ne sont pas toutes tracées.
'Aventure' vient du latin 'ad ventura', qui signifie 'être ouvert'. 'Lâcher ses balises, ses sécurités, ses certitudes....' Et parfois, il n'y a pas besoin de partir loin pour être un pèlerin. 'Chaque chose qu'on vit, chaque événement qu'on vit peut être un pèlerinage. Élever ses enfants, aimer son compagnon ou sa compagne, travailler chaque jour, c'est aussi un pèlerinage.'
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