Comédien au théâtre et acteur dans de nombreux films au cinéma et à la télévision, Claude Brasseur aura d’abord brillé sur les planches et dans des téléfilms, on se souvient notamment de son rôle de François Vidocq » au début des années 70. Au cinéma, cet héritier d'une grande tradition de comédiens, aura mis du temps avant d'accéder au statut d'acteur de premier plan. Mais après avoir débuté sous les ordres de Marcel Carné et Jean Renoir, des rôles forts et populaires allaient contribuer à asseoir sa notoriété au milieu des années 70, notamment, grâce au diptyque d'Yves Robert : « Un Éléphant ça trompe énormément », en 1976, puis « Nous irons tous au paradis » l'année d'après. Deux films de copains et deux photographies de la France de la fin des Trente Glorieuses, chapeautés par la musique symphonique du maître des comédies des années 70 et 80, Vladimir Cosma.
La Symphonie du cinéma est consacrée, cette semaine, à quelques partitions tirÄes de films dans lesquels avait tourné Claude Brasseur qui s'est éteint le 22 décembre 2020 à l'âge de 84 ans. Comme il l'expliquait en 2012 sur les ondes de France Culture à Frédéric Taddeï, certains films peuvent changer une trajectoire et faire une carrière. Et en la matière "Un Éléphant ça trompe énormément" et sa suite "Nous irons tous au paradis" auront grandement contribué à rendre populaire Claude Brasseur, véritable enfant de la balle, héritier d'une lignée d'artistes à commencer par son père Pierre Brasseur et sa mère, Odette Joyeux.
C'est Elvire Popesco qui la première va lui mettre le pied à l'étrier au théâtre en 1955. Claude Brasseur n'a que 19 ans et enchaîne l'année suivante avec un premier rôle au cinéma dans « Rencontre à Paris », de Georges Lampin. Trois ans plus tard, son quatrième film « Rue des prairies » lui vaudra un rôle de premier plan aux côtés de Jean Gabin.
La musique de Georges Van Parys pour "Rue des prairies", mélodrame familial de Denys de La Patellière avec un Jean Gabin en père célibataire tentant d'élever au mieux ses trois enfants après la mort de sa femme. Claude Brasseur qui incarne le fils aînÄ, champion cycliste, enchaîne ensuite les rôles avec régularité durant la décennie 60, aussi bien chez Georges Franju, dans « Les Yeux sans visage », que chez Yves Allégret dans « Germinal » en 1963 ou chez Godard l'année suivante dans « Bande à part ».
Au tournant des années 70, la télévision lui offre ses premiers grands rôles comme celui de Rouletabille ou dans des classiques de Molière ou Marivaux, sous la caméra de Marcel Bluwal avant la consécration, en 1971, dans « Les Nouvelles Aventures de Vidocq » où il reprend le rôle emblématique du chef de la Sûreté de la ville de Paris, tenu avant lui par Bernard Noël.
Entre janvier 1971 et dÄcembre 1973, la France se passionne pour les aventures d'un ancien bagnard, devenu policier sous le Premier Empire. Mêlant politique, diplomatie, marivaudage avec Danièle Lebrun, incarnant la redoutable baronne de Saint-Gély et voyoucratie, Vidocq constitue un rôle en or pour Claude Brasseur, choisi une nouvelle fois par Marcel Bluwal, créateur de la série, avec Georges Neveux, qui compte treize épisodes.
Grand compositeur de jazz et spécialiste de Bach, Jacques Loussier, quant à lui, signe le fameux générique au clavecin, l'un des plus célèbres de l'histoire de l'ORTF.
La carrière d'acteur au cinéma de Claude Brasseur va connaître un sérieux coup d'accélérateur en 1974 sous l'impulsion de Georges Lautner qui lui confie le rôle d'un scénariste de feuilletons dans « Les Seins de glace », polar hivernal sur la Côte d'Azur et jeu à trois aux côtés de Mireille Darc et Alain Delon.
Les violons du thème mélancolique des « Seins de glace », sont nés de l’esprit de Philippe Sarde. Ils retranscrivent bien l'ambiance monotone et la froideur des sentiments dans ce film atypique dans la carrière de Georges Lautner qui s'inspire ici des giallo italiens en vogue dans les années 70 et mêlant polar, érotisme, le tout accompagné d'une bande son musicale très incarnée. Âgé alors de 38 ans, Claude Brasseur va tourner trois ans plus tard un autre de ses plus grands rôles dans la peau, cette fois-ci, d'un commissaire de la brigade anti-gang, confronté à une guerre des polices...
On doit l'harmonica entêtant du thème de « La Guerre des polices » à Jean-Marie Sénia qui le compose en 1979 pour le film de Robin Davis. L'histoire d'une rivalité qui finira très mal entre deux brigades et une confrontation au sommet entre Claude Rich et Claude Brasseur, qui remporte en 1980 le César du meilleur acteur. A son apogée, il va jouer ensuite chez Claude Pinoteau dans un registre bien loin du film policier en endossant le rôle d'un dentiste, marié à une graphiste dans le monde de l'édition, parents d'une bouillante adolescente prénommée Vic et jouée par Sophie Marceau…
Avec plus de 4 millions 300 000 spectateurs lors de sa sortie en salles à Noël 80, "La Boum" devient rapidement un phénomène de société de par son thème : les rapports parents adolescents dans la France du début des années 80 en même temps qu'une photographie de la classe moyenne française confrontée à l'évolution des mœurs. Sophie Marceau trouve-là le premier rôle de sa carrière qui allait la révéler tandis que Claude Brasseur et Brigitte Fossey campent un couple plus que crédible, quelque peu dépassé par cette adolescente en pleine crise. Le film doit également son succès à la bande originale de Vladimir Cosma qui connaîtra un succès colossal, notamment à travers le titre « Reality », interprété par Richard Sanderson. Claude Pinoteau reprendra la même équipe et la même recette en 1982 pour la suite qui réunira encore un grand nombre de spectateurs.
Le thème principal de « La Crime » que l'on doit à Reinhardt Wagner, en 1983, pour le film de Philippe Labro, dans lequel, une nouvelle fois, Claude Brasseur joue un commissaire enquêtant sur l'assassinat d'un avocat réputé. Aidé par une journaliste, jouée par Gabrielle Lazure, il va découvrir une affaire de grande ampleur avec des implications jusqu'au plus haut sommet de l'Etat.
Dans les années 80, Claude Brasseur tournera une nouvelle fois avec Godard pour « Détective », fera plusieurs comédies notamment « Les Rois du gag », de Claude Zidi et « La Gitane », de Philippe de Broca ou encore un très bon Yves Boisset pour « Radio Corbeau ».
En 1992, quinze ans après « Nous irons tous au paradis », il retrouvait non seulement Yves Robert, ainsi que Vladimir Cosma à la partition, mais également Jean Rochefort, Victor Lanoux et Guy Bedos pour "Le Bal des casse-pieds", une comédie en forme d'inventaire d'un vétérinaire passant en revue toutes les rencontres qu'il aurait bien voulu éviter dans son existence...
La Minute Judy Garland
Cette semaine dans La Minute Judy Garland, arrêtons-nous sur la bande originale de « Philadelphia », de Jonathan Demme, film récompensé pour la performance de Tom Hanks. Si Howard Shore en signe la BO, Peter Gabriel figure également au générique grâce à la chanson « Lovetown ». Un Peter Gabriel qui fête ses 71 ans en ce début de mois de février et qui a par ailleurs composé plusieurs bandes originales pour le cinéma notamment chez Alan Parker ou Mel Gibson.
Quelques conseils pour prolonger cette émission
Le coffret remasterisé de StudioCanal d' »Un Éléphant ça trompe énormément » et « Nous irons tous au paradis », enrichis de bonus. En 2014, Claude Brasseur, secondé par Jeff Domenech publiait par ailleurs "Merci!" chez Flammarion, le livre de ses mémoires et de son formidable destin, hérité d'une longue lignée de saltimbanques.
Et on se quitte, avec « La Dolce vita », tube italo disco des années 80, chanté par Ryan Paris qui figure en 2006 dans le film « Camping » de Fabien Onteniente, l'un des derniers grands succès de Claude Brasseur dans le rôle d'un vacancier retraité revenant chaque année au camping des Flots bleus. Un film et ses deux suites pour lesquelles Claude Brasseur avouait une tendresse particulière alors même que le rôle devait initialement revenir à Jacques Villeret, décédé peu avant le tournage.
Play list des titres diffusés
Extrait de l'émission « Le Tête à tête », France Culture, 2012
« Sax Brothers », BO « Nous irons tous au paradis », Vladimir Cosma
BO “Rue des prairies”, Georges Van Parys
Générique, BO « Les Nouvelles Aventures de Vidocq », Jacques Loussier
Thème principal », BO « Les Seins de glace », Philippe Sarde
« Harmonica choc 1 », BO « La Guerre des polices », Jean-Marie Sénia
Extrait "La Boum", de Claude Pinoteau, disponible en DVD (Gaumont)
"Reality”, BO « La Boum », Richard Sanderson. Musique: Vladimir Cosma
Thème principal, BO « La crime », Reinhardt Wagner
« Le Bal des casse-pieds », Vladimir Cosma avec l'orchestre philharmonique de Paris.
“Lovetown”, BO “Philadelphia”, Peter Gabriel
« La Dolce vita » BO « Camping », Ryan Paris
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