C’est un écrivain universel, et pas seulement parce qu’il a reçu le prix Nobel de littérature, en 2008. Né à Nice en 1940, Jean-Marie Gustave Le Clézio écrit pour pouvoir voyager. Celui dont les ancêtres ont vécu sur l’île Maurice, a écrit sur le désert, se passionne pour Marrakech, explore l’histoire et la géographie du monde… Dans ce petit livre de souvenirs et de convictions, Le Clézio dit simplement ce qu’est pour lui la littérature, et ce que la vie lui a réservé.
Il y a la guerre d’abord : « Les joies que peuvent donner des choses très simples comme la nourriture, la moisson, le soleil, l’eau des rivières, je les mentionne ici pour dire qu’au fond mon intérêt pour les émotions d’enfance a pour racines ces moments de guerre. »
L’enfance se poursuit en Afrique : « Nous avons quitté ce monde – l’Europe – pour naviguer vers un pays où nous pouvions aller pieds nus, courir dans la forêt, dans la savane, où nous pouvions découvrir la vie, les insectes, les serpents, les scorpions et de temps en temps un singe. » Fils d’un médecin de médecine tropicale an Nigeria, d’un lointain aïeul breton devenu commerçant sur l’île Maurice et d’un soldat révolutionnaire, Le Clézio revendique une « identité nomade », et se reconnaît parmi ces « gens des nuages » qui sillonnent le Sahara : « Je descends de toutes ces origines », confesse-t-il.
Un immense écrivain couronné par le Nobel
« A quoi sert la littérature ? » La question est souvent posée, même si tout le monde ou presque s’accorde à dire qu’elle est « parfaitement inutile » et pourtant essentielle. « Peut-être parfois a-t-elle donné la parole aux grands élans de consolation en incarnant les rêves d’enfance, l’amour, l’espoir d’un monde meilleur, le goût de la beauté. Mais évitons de tomber dans l’angélisme, prévient-il. La littérature ne peut être une collection de bons sentiments ni un recueil de règles morales. » N’empêche : Le Clézio sait tout ce qu’il doit à ses parents, ce qui nourrit son travail d’écrivain : « J’ai reçu de ma mère et de mon père des leçons de vie et je les mets en application comme je peux dans ce que j’écris. » Avec cette obligation : « Ecrire, c’est agir. »
Peut-on le considérer comme un écrivain engagé ?
Engagé, dans le sens où écrire peut être parfois efficace : « Je ne sais rien faire d’autre qu’écrire donc j’écris », confie-t-il. Pour lui, l’écrivain, « c’est quelqu’un qui est de nature statique, c’est quelqu’un qui est enfermé et sort de temps en temps et est étonné de voir que le monde existe, et capte tout de ce qui se passe dans la rue, autour de lui, autour d’elle, et qui en fait son butin. » A le lire, rien n’est plus simple pour le prix Nobel : regarder le monde tel qu’il est et rêver plus loin, plus haut : « C’est toujours dans l’idée que les mots puissent servir à une cause, quelle qu’elle soit, mais à une cause qui me semble juste – par exemple en faveur des déshérités que sont les personnes âgées et les enfants dans le cas des guerres, ou en faveur de la flore et la faune qui sont notre maison. C’est dans ces deux buts que j’écris », confie Jean-Marie Le Clézio qui veut croire en la littérature : « Si la littérature a une utilité, c’est celle qui nous permet de connaître, connaître les autres, connaître le monde, connaître la vie, connaître la physique pourquoi pas, connaître les sciences, savoir qui l’on est et savoir aussi reconnaître les autres comme étant partie de l’humanité. » Je vous le disais : Le Clézio, un écrivain universel.
Identité nomade, de Jean-Marie Gustave Le Clézio, éditions Robert Laffont.
Chaque jeudi à 8h44, Christophe Henning (La Croix) et Christophe Mory (RCF et Radio Notre-Dame) présentent le livre de la semaine.
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