"La Page blanche", la comédie légère et pétillante de la rentrée

Une comédie légère et pétillante pour la rentrée 

C’est une façon de prolonger un peu les vacances, avant cette rentrée qui s’annonce chargée positivement en sorties de films ! Cette comédie porte un titre de circonstances : c’est "La Page blanche", de Murielle Magellan. La page blanche, je ne sais pas vous Clara, mais c’est un peu mon sentiment après cette longue pause d’été, à la fois l’angoisse de ne plus savoir écrire, et l’excitation d’une nouvelle saison qui commence et où tout est possible ! Le film, lui, est un premier long métrage, librement adapté d’une BD de Pénélope Bagieu et Boulet. C’est l’histoire d’Éloïse, une jeune trentenaire qui se réveille un matin, sur un banc parisien, totalement amnésique. Elle ne se souvient plus qui elle est, d’où elle vient ni où elle habite...

Éloïse se met à enquêter sur sa propre vie, avec ce qu'elle a sous la main comme indices, c'est-à-dire son sac. Elle se heurte vite à de nombreux obstacles, surtout qu’elle veut cacher son amnésie à ses proches : ce qui donne des situations assez ubuesques, à la limite de l’absurde, et en même temps très touchantes et déconcertantes. Pas facile de rendre le tout crédible et d’incarner ce grand écart entre l’angoisse du vide et la fantaisie du personnage.

C'est Sara Giraudeau qui interprète Éloïse et c'est son premier grand rôle au cinéma. Elle est effectivement de tous les plans. Murielle Magellan avait écrit le scénario pour elle. Sara Giraudeau l’a refusé une 1ère fois avant d’accepter finalement. Bien lui en a pris ! On la connaissait plus pour des rôles dramatiques, voire inquiétants (dans la série "Le Bureau des légendes", dans des polars comme "Petit Paysan", "Les Traducteurs" ou dans "Médecin de nuit").
Elle interprète la jeune amnésique de façon exceptionnelle. Elle a un côté un peu lunaire, avec sa silhouette androgyne, ses grands yeux écarquillés, et sa voix fluette. Et puis elle nous emmène, petit à petit, toujours avec la même légèreté et fantaisie, vers des questions plus existentielles, autour de la connaissance de soi, des attentes des autres et de la vérité de qui on est vraiment finalement ! Une sorte d’introspection vue de l’extérieur, comme si vous rencontriez votre double exact et qu’il ne vous convenait pas ! C’est fait de manière fraîche, délicate, avec une pointe de romantisme. Une bonne surprise de la rentrée !

Et c'est aujourd'hui que commence la 79e édition de la Mostra de Venise. [Valérie de Marnhac est membre du jury Signis]. L’occasion de rappeler la présence de jurys chrétiens dans plus de 30 festivals dans le monde. Celui de la Mostra est le plus ancien encore existant, il a été créé en 1948 sous le nom de Prix OCIC et avait couronné cette année là le film "Dieu est mort", de John Ford, tiré du roman de Graham Greene, "La Puissance et la gloire". Nous serons donc cinq membres du Jury à voir les 23 films de la compétition officielle dont certains sont très attendus ! 

Précisons que quatre cinéastes français sont en compétition, deux hommes et deux femmes : Alice Diop, Romain Gavras, Roschdy Zem et Rebecca Zlotowski. Le palmarès 2022 sera remis le 10 octobre prochain.