En dépit de très nombreuses disparitions, Liège reste riche en vitraux de la Renaissance, avec une véritable efflorescence dans les années 1525-1530. Songeons aux verrières du chœur de l’église Saint-Jacques, du chœur de la basilique Saint-Martin, à l’exceptionnel vitrail de transept sud de la cathédrale ou encore à ceux qui ornaient l’abbaye de Herkenrode.
Longtemps, on a considéré que c’est par le vitrail que les décors antiquisants venus d’Italie se sont répandus dans nos régions. Si ces décors apparaissent d’abord dans le buste-reliquaire de Saint-Lambert achevé en 1512 puis dans des pierres tombales et dans des miniatures, il n’en reste pas moins que c’est dans les vitraux de la fin des années 1520 que l’on trouve le plein épanouissement de ce nouveau vocabulaire décoratif.
Les plus anciennes verrières du pays de Liège avec des décors à l’italienne (vers 1525) ornent le chœur de l’ancienne abbatiale Saint-Jacques. Si la tradition gothique reste très présente dans la disposition des saints et donateurs ou dans les vêtements par exemple, les encadrements architecturaux renvoient largement à l’art antique. Outre le vitrail central de l’abbé de Jean de Cromois avec des scènes bibliques, on trouve essentiellement des verrières « de présentation » offertes par des membres des familles de Hornes et de La Marck pour marquer leur réconciliation après de nombreuses années de guerre civile.
C’est apparemment le richissime prince-évêque Érard de La Marck qui initia les verrières de même style qui ornent le chœur de l’ancienne collégiale Saint-Martin avec des verrières consacrées au saint patron de l’église et aux deux saints patrons du diocèse, la Vierge Marie et saint Lambert (1526-1527). Elles sont flanquées de verrières offertes par des proches du prince. Cet ensemble semble avoir été réalisé par Richard Hoesman, un verrier qui sera peu après banni de Liège pour ses convictions luthériennes.
La grandiose verrière dite de Léon d’Oultres, datée de 1530, est l’une des plus remarquables du pays. Le prévôt de la collégiale Saint-Paul s’y est fait représenter, avec saint Lambert, devant le saint patron de sa collégiale. On y voit aussi une Conversion de saint Paul et surtout, au sommet, un Couronnement de la Vierge on ne peut plus coloré. Ce sont à nouveau les saints patrons du diocèse qui sont honorés avec le saint auquel l’église est dédiée.
Au début du XIXe siècle, les vitraux de l’église de la grande abbaye cistercienne de
Herkenrode (1532-1539), près de Hasselt, ont été remontés dans la cathédrale de Lichfield, au centre de l’Angleterre. Très marqués par l’art de l’Anversois Pieter Coecke van Aelst, certaines verrières ont été offertes par Érard de La Marck, qui s’y est même fait représenter au côté de saint Lambert. Au contraire de nombreuses verrières de Belgique, jadis trop restaurées, celles-ci ont conservé davantage de verres d’origine.
Découvrez encore plus de "leçons" d'histoire de l'art liégeois par Pierre-Yves Kairis dans son émission "D'art et d'histoire de Liège" sur RCF Liège.
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !