Chaque jeudi, Stéphanie Gallet décrypte une photo sélectionnée par le CCFD-Terre solidaire. La photo du jour nous emmène en Mauritanie chez Bakary Mangassouba qui s'est lancé dans l'agroécologie. Une photo signée Roberta Valério.
On parlera beaucoup de lumière, de cadrage, d’instant décisif mais pour cette première photo parlons des couleurs. Il y a d’abord le jaune du t-shirt et le bleu du pantalon d’un homme que nous découvrons au premier plan au centre de cette photo.
Il a le sourire aux lèvres et on devine que la journée a été longue, mais il peut rentrer chez lui serein, son outil sur l’épaule. Les plus experts d’entre vous reconnaîtront une houe.
Pour le moment, il contemple le fruit de son travail. Autour de lui, tout est vert , les plans de bananiers s'épanouissent, les papayers sont bien partis et à l'arrière-plan les manguiers commencent à avoir une belle taille.
Au sol des tuyaux d’arrosage jaunes serpentent sur la terre ocre. Au-dessus de sa tête, un filet d’ombrage protège les plantations de la morsure du soleil et les piquets qui soutiennent ce filet tracent des verticales qui construisent l’image.
Nous sommes au sud de la Mauritanie, dans la périphérie de Kaédi, pas très loin du fleuve Sénégal. C’est ici qu’il y a cinq ans, Bakary Mangassouba puisque c’est de lui dont il s’agit, a créé sa ferme.
Avant, comme tous les jeunes de Mauritanie, il rêvait d’exil. Et ce terrain, il a pu se l’acheter grâce aux économies de sa sœur qui n’en pouvait plus de voir ses frères partir au loin. Aujourd’hui pour Bakary, cette plantation, c’est un peu comme un nouvel amarre sur sa terre natale.
Nous sommes dans la corne de l’Afrique. La Mauritanie est un pays fragilisé par la sécheresse. La production agricole nourrit à peine la moitié de la population. Le pays dépend donc des importations : plus de 70% de la nourriture proviennent ainsi du Maroc et du Sénégal. Depuis deux ans, la Mauritanie subit une grave crise alimentaire. Les aliments de base manquent et les prix explosent.
Pour favoriser l’autonomie, l’agroécologie apparaît donc comme un enjeu vital. Ce modèle de développement permet aux familles de se nourrir, de vendre leur surplus et de proposer une alimentation saine et locale.
Le CCFD-Terre Solidaire soutient des organisations qui, sur place, forment des femmes mais aussi des jeunes comme Bakary à l’agroécologie et les aident à acquérir des terrains viables.
Il s'agit de Roberta Valerio, une photographe italienne qui vit en France depuis plus de 20 ans. Elle fait à la fois des portraits et des reportages au long cours pour le CCFD, elle a sillonné la Mauritanie et est allée à la rencontre de ceux et celles qui, comme Bakary, se sont lancés dans l'agroécologie. Avec ses photos, elle témoigne de leurs défis et de leurs réussites.
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