L’architecture : un art à rendre plus accessible

L’architecture, parent pauvre de la pratique culturelle

Notre regard est rarement aiguisé pour apprécier l’architecture. Pour Caroline Mazel, architecte et fondatrice de l’agence Médiarchi à Bordeaux, « l’architecture n’est pas une pratique culturelle comme une autre. La population a un minimum de culture cinématographique ou musicale, mais c’est moins le cas pour notre profession. Il y un enjeu à faire porter des actions de formation et d’éducation ».

Les bâtiments connus de tous sont souvent anciens et monumentaux. L'architecte de la région bordelaise précise que « 70% de notre immobilier a été construit après la seconde guerre mondiale. C’est une production incarnée par la série et le générique. Aujourd’hui, on commence à reconnaître sa valeur patrimoniale ». Adélaïde Boëlle, fondatrice de l’agence Architecture in Vivo de Toulouse, travaille aussi « sur l’architecture du quotidien avec les habitants » et s’intéresse moins aux architectes-stars parfois en rupture avec les milieux de vie.

La médiation pour éveiller le public à l’architecture

C’est au cours d'un service civique d’animation d’ateliers dans un quartier populaire grenoblois qui a donné à Adélaïde Boëlle l’envie de fonder son agence en 2013. Avec son équipe, elle mène depuis des actions pédagogiques dans les classes : « en partenariat avec les maisons de l’architecture, nous avons mis en place le dispositif Utopia Lab qui propose aux jeunes d’imaginer des utopies urbaines et sociales » raconte-t-elle.

Avec Médiarchi fondé en 2003, Caroline Mazel veut faire en sorte que « chacun soit capable de déceler ce qui fait la qualité d'un édifice ». Elle organise des conférences, des visites et des voyages pour que le public soit « en mesure de comprendre un certain nombre de notions pour ne pas juger les bâtiments sur le seul critère esthétique ». 

Des citoyens acteurs de leurs espaces de vie

En France, il existe un réseau de structures de médiation pour former les citoyens à la culture architecturale. Joël, auditeur de l'émission, indiquait l'existence du CAUE, conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement qui œuvre dans différentes régions pour promouvoir la pratique de l'architecture. Pour Adélaïde Boëlle, éduquer à cet art, « c’est permettre aux gens d'expérimenter et de participer. C’est un moyen pour eux d’exprimer leur citoyenneté ». 

Elle valorise ainsi la médiation par l’action : « on accompagne des projets de renouvellement urbain ou de reconversion de friches et on aide les collectivités à faire participer les habitants ». Elle et son équipe se déplacent sur le terrain, sur des marchés, dans des MJC pour concevoir avec les habitants.