C’est ce vendredi soir que s’est clôturée la 38e édition du Festival International du Film Francophone de Namur avec la projection du film « Les Rois de la Piste », un film mettant en scène une famille de joyeux petits malfrats dirigés par la grand-mère, Fanny Ardant dans une forme éblouissante.
Mais avant cela, c’est à la proclamation du palmarès qu’on a pu assister. Deux films sortent grands vainqueurs des choix des différents jurys : « Il pleut dans la maison » de Paloma Sermon-Daï, qui reçoit le Bayard d’Or ainsi que le double prix d’interprétation, et « Le procès Goldman » de Cédric Kahn, Prix Spécial du jury et prix de la meilleure photo.
Le Bayard d’Or 2023
Le Bayard d’Or du Festival de Namur est donc revenu au film « Il pleut dans la maison » de Paloma Sermon-Daï, une cinéaste… namuroise, présenté en mai dernier à Cannes dans le section parallèle « La Semaine Internationale de la critique » où il avait déjà été primé.
« Il pleut dans la maison » est une comédie dramatique mettant en scène une sœur et son frère, Purdey, 17 ans, et Makenzy, 15 ans. Livrés à eux-mêmes, abandonnés par une mère alcoolique, ils se débrouillent vaille que vaille : Purdey travaille dans un complexe hôtelier et Makenzy vole des touristes très nombreux cet été-là sous un soleil de plomb.
Les deux jeunes gens passent ainsi de l’insouciance de l’adolescence à la rudesse de la vie d’adulte dont ils ignorent tout, se soutenant l’un l’autre dans ce qui semble bien être le dernier été de leur jeunesse.
On notera que les deux acteurs récompensés du prix d’interprétation, Purdey Lombet et Makenzy Lombet, sont eux-mêmes frère et sœur dans la vie, ce qui crée une relation très forte et très vraie à l’écran.
« Le procès Goldman », l’autre grand gagnant
L’autre film grand gagnant avec le Prix Spécial du jury, le prix de la meilleure photo et le prix BeTV, c’est « Le procès Goldman » de Cédric Kahn, déjà à l’affiche en Belgique depuis ce mercredi.
Avec Arieh Worthalter, un acteur franco-belge peu connu, dans le rôle de Pierre Goldman, auteur de trois braquages qui lui ont valu de faire de la prison, et accusé du meurtre en décembre 69 de deux pharmaciennes, à Paris.
Meurtres qu’il a toujours niés : « Je suis innocent parce que je suis innocent » est l’une de ses phrases choc. Condamné à la réclusion perpétuelle en 1974, il a finalement été acquitté des deux meurtres lors d’un second procès, en 1976.
Si le film est un huis-clos dans une salle d’audience, ce n’est pas pour autant un film de procès de plus : le récit est brut et explosif, à l’image de l’accusé qui, provocateur, dénonce l’antisémitisme de la police française, donnant ainsi à son procès une dimension raciale et politique, faisant de lui une icône de la gauche intellectuelle dans les années 70.
Qui est au juste Pierre Goldman ?
Pierre Goldman, demi-frère de Jean-Jacques Goldman, est fils de résistants juifs d’origine polonaise. Il a apparemment nourri un complexe vis-à-vis de ses parents, des héros à qui il vouait une admiration sans borne. A cet égard, la scène où il s’adresse à son père, entendu comme témoin, est assez poignante.
Quant au réalisateur, Cédric Kahn, il parvient à nous tenir en halène alors que le verdict est connu : chapeau !
Aussi au palmarès
Pour compléter ce palmarès, on notera encore que le prix du meilleur scénario est allé à un très beau film d’animation franco-italien, « Linda veut du poulet », et que le Bayard de la meilleure première œuvre a été décerné à « Richelieu », un film québécois de Pier-Philippe Chevigny, dressant le portrait cruel mais vrai d’ouvriers étrangers engagés dans une usine aux conditions de travail épouvantables.
A présent, rendez-vous est déjà pris pour la 39e édition du Festival de Namur, du 27 septembre au 4 octobre 2024.
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