La sculpture liégeoise du XIVe siècle sera marqué par l'utilisation du marbre de Carrare. À telle enseigne que ces sculptures furent bientôt attribuées à un maître au nom de convention : Le Maître des Madones mosane en marbre. Les études récentes tendent à indiquer que, derrière les quelques dizaines de pièces conservées, se cachent en réalité plusieurs ateliers éminents.
L’art du XIV e siècle se caractérise par un raffinement nouveau dans l’élégance. Dans la sculpture au nord des Alpes, on voit apparaître en ce siècle l’utilisation du marbre blanc, qui a conduit à une libération de la polychromie traditionnelle des statues et bas-reliefs, car il ne fallait certainement pas cacher la belle matière polie de ce matériau très coûteux.
Pour l’art de nos régions, les principaux témoins semblent issus d’ateliers liégeois, sans que l’on sache si cela relève du hasard des pièces conservées ou si cela traduit une réelle tradition principautaire. Il est vrai que le pays de Liège a donné quelques grands noms de la sculpture de ce siècle, comme Jean Pépin de Huy, actif en France dans les années 1320, Gilles de Liège, actif notamment à Cologne dans les années 1350, ou encore Jean de Liège, actif à Paris à la même époque.
C’est dans les années 1970 que l’essentiel de la production en marbre blanc présumée liégeoise fut regroupée sous le nom d’un seul maître : le Maître des Madones mosanes en marbre. Aujourd’hui, on pense que plusieurs artistes ou ateliers se cachent derrière ce nom de convention, même si les œuvres qu’on leur attribue présentent maintes caractéristiques stylistiques communes : épaules étroites, plis des vêtements formant des sortes de poches, visages ronds des femmes alors que celui des hommes est plus anguleux, visages barbus peu différenciés les uns des autres, gros yeux globuleux fort espacés, armes et armures du même type...
L’un de ces artistes doit être à l’origine du principal ensemble de sculptures en pierre de nos régions pour le XIV e siècle : le portail dit du Bethléem attenant à l’ancienne collégiale de Huy.
Ce n’est que depuis 2013, année d’une vaste étude technique sur le sujet, que l’on est assuré de la provenance du marbre, qui est bien issu des plus prestigieuses carrières d’Italie. Mais comment est-il parvenu chez nous ? Selon certains chercheurs, un sculpteur liégeois aurait travaillé, dans les années 1330, à Carrare même, où subsistent quelques témoins de son art. Il serait ensuite rentré au pays avec une cargaison de marbre blanc.
Découvrez encore plus de "leçons" d'histoire de l'art liégeois par Pierre-Yves Kairis dans son émission "D'art et d'histoire de Liège" sur RCF Liège.
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