La rentrée littéraire c’est toujours un grand moment. Certains esprits chagrins estiment qu’on en fait trop, que la rentrée, c’est d’abord la rentrée des classes, la fin des vacances, et qu’enfin les choses sérieuses commencent, surtout en période d’épidémie, franchement tout le reste, c’est de la littérature ! C’est vrai, il y a des priorités, la santé, l’éducation, mais la littérature quand même, on s’est aperçu pendant le confinement que nous en avions besoin. Il y a les séries télés, le yoga, et la radio, mais plonger dans un livre, se laisser entraîner dans un récit, une romance, une reconstitution historique, il n’y a rien de tel pour échapper à la déprime. Des livres, vous en voulez, en voilà : parce que c’est la rentrée littéraire.
Après plusieurs mois difficiles les tables des libraires débordent de nouveautés : 511 romans recensés en cette rentrée, soit seulement 13 de moins qu’en 2019, l’épidémie n’a pas ralenti le travail des éditeurs. Parmi cette belle moisson, on compte moins de romans étrangers - 145 titre contre 188 l’an dernier – moins de premiers romans - 65 au lieu de 82 – mais déjà de belles surprises que je vous ferai découvrir petit à petit. Cette semaine, par exemple, faites la connaissance de Capucine Delattre, invitée de mon émission Au pied de la lettre : elle a tout juste 20 ans et sort « les déviantes » publié chez Belfond, un roman d’une grande maturité. De nouvelles plumes pour la rentrée, mais surtout des auteurs confirmés, habitués des rentrées littéraires comme Amélie Nothomb.
Pas une rentrée sans Amélie Nothomb qui publie son 29e roman, Les Aérostats chez Albin Michel une histoire troublante entre une étudiante et un adolescent qui ne veut pas lire, un air de fable qui se passe, pour une fois, en Belgique.
On parle beaucoup de Yoga, d’Emmanuel Carrère chez POL, de Carole Martinez et Les roses fauves chez Gallimard. Une tendance se dégage autour du féminisme, avec Fille, de Camille Laurens (Gallimard), Intimité d’Alice Ferney (Actes Sud), Des évasions particulières de Véronique Olmi (Albin Michel).
La crise sociale a inspiré plusieurs romans comme Arène de Négar Djavadi (Liana Levi) sur l’embrasement des banlieues, ou Un jour viendra couleur d’orange, de Grégoire Delacourt (Grasset). Le retour à la terre est traité par Serge Joncour avec Nature humaine (Flammarion) et Marie-Hélène Lafon avec Histoire du fils (Buchet-Chastel). L’écologie, la guerre, et l’amour, toujours ! Allez, en cherchant bien, vous allez trouver votre bonheur, mais je sens que je vous ai perdu…
Donc, un livre à la fois : mon premier coup de cœur ira pour Le petit polémiste, d’Ilan Duran Cohen, chez Actes sud : un roman d’anticipation, visionnaire, grinçant, et drôle.
Chaque jeudi à 8h44, Christophe Henning (La Croix) et Christophe Mory (RCF et Radio Notre-Dame) présentent le livre de la semaine.
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