Aujourd’hui, il est question d’un banquier philanthrope, Albert Kahn. L’occasion m’en est fournie par la réouverture du musée qui porte son nom à Boulogne-Billancourt, tout près de Paris.
Né en 1860, Albert Khan était issu d’une famille juive alsacienne. À 16 ans, il quitte sa terre natale devenue allemande, pour venir travailler dans une banque à Paris. Très doué pour la finance, il fait rapidement fortune. Mais, écrit-il un jour à son ami philosophe Henri Bergson, "ce n’est pas mon idéal". Célibataire, sans enfant, il veut consacrer son argent à des projets philanthropiques qui ont pour point commun d’encourager la connaissance du monde comme outil au service du progrès humain et du respect entre les peuples.
Une des premières initiatives d’Albert Kahn fut de créer des bourses "autour du monde " permettant à de jeunes agrégés de voyager pendant 15 mois. Il développa ensuite un projet qui constitue aujourd’hui le cœur des collections du musée Albert-Kahn, les «"Archives de la planète ". De 1912 à 1932, des opérateurs sont partis en expédition à travers le monde pour réaliser des photos et des films afin de garder trace de la civilisation pré-industrielle avant qu’elle ne disparaisse.
C’est ainsi qu’ont été réalisées des dizaines de milliers d’images et 100 heures de film. Principalement en France et en Europe mais aussi en Afrique, en Amérique, au Moyen-Orient, en Inde, en Chine ou au Japon… Seule l’Océanie est absente des collections.
Albert Kahn ne destinait pas ces images au grand public. Il organisait dans sa propriété de Boulogne des projections pour une petite élite de dirigeants, politiques, économiques, culturels. Espérant les convaincre de la nécessité de créer une forme de gouvernement supranational qu’il appelait le "conseil fédéral mondial".
La fin de la vie d’Albert Kahn fut assez triste. Sa banque fit faillite après la crise de 1929. Le département de la Seine, en 1936, racheta ses collections d’images et sa propriété où il mourut seul en novembre 1940, alors que la France venait d’être envahie par l’Allemagne hitlérienne.
Tout d’abord la belle architecture des nouveaux bâtiments, due au Japonais Kengo Kuma. La façade extérieure en aluminium est un peu sévère mais elle fonctionne comme une sorte d’écran protégeant ce qui se trouve derrière.
D’abord des salles d’expositions où sont exposées les archives de la planète, en particulier ce qui en fait l’originalité, les autochromes. Il s’agit d’un des tout premiers procédés de photographie en couleur, mis au point en 1907 par les frères Lumière, à base de grains de fécule de pomme de terre. Ce qui donne des couleurs un peu ténues et un rendu pointilliste qui n’est pas sans évoquer la peinture de Georges Seurat.
Et puis, il y a une autre merveille, le jardin de quatre hectares créé par Albert Kahn pour, là aussi, faire coexister différents mondes : un jardin à la française voisine avec un jardin à l’anglaise et un jardin japonais. Le fond du décor est constitué par des ensembles forestiers, notamment une évocation de la forêt vosgienne, souvenir d’enfance d’un homme qui fut un grand rêveur.
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