Érasme Quellin fut l’un des principaux élèves de Rubens, auquel il succéda d’ailleurs comme peintre officiel de la Ville d’Anvers. C’est dans le contexte du jubilé de la Fête-Dieu de 1646 qu’il peignit une Dispute du saint sacrement pour l’église liégeoise des chanoines augustins, sur Avroy. Ce tableau fut financé par le riche marchand Walthère de Liverlo, qui fit travailler plusieurs peintres anversois en cette période où la peinture liégeoise semble avoir manqué de souffle. Quellin profita de son séjour à Liège pour réaliser également un grand tableau d’autel pour le curé de l’église Sainte-Véronique, Gilles Masuyr, qui lui offrait le gîte.
Erasme Quellin (1607-1678) est peut-être le principal héritier de Rubens, dont il a parfaitement assimilé le style baroque grandiose. Curieusement, il n’a pas fait le traditionnel voyage de perfectionnement en Italie. En fait, on ne lui connaît que deux séjours à l’étranger : un voyage à Liège en 1646 et un séjour à Amsterdam dix ans plus tard.
La famille Quellin étant d’origine liégeoise, ce séjour à Liège n’étonne pas trop, l’artiste ayant certainement conservé des attaches familiales. Mais il y a de fortes chances qu’il soit venu en principauté avant tout pour répondre à une commande. Son contemporain Louis Abry, le premier biographe des peintres liégeois de cette époqe, évoque deux réalisations majeures durant ce séjour en bord de Meuse.
Quellin a d’abord répondu à l’invitation du riche marchand Lambert de Liverlo, qui lui a commandé une toile montrant les quatre docteurs de l’Église latine débattant du dogme de la transsubstantiation. Ce tableau a été peint pour l’église liégeoise des chanoines Augustins, aujourd’hui église du Saint-Sacrement. C’est pourquoi saint Augustin a été mis en évidence dans la composition. Après avoir été spolié par les révolutionnaires français, ce chef-d’œuvre a été mis en dépôt à la cathédrale, en 1816, à son retour de Paris. Ce n’est sans doute pas un hasard si Liverlo, qui soutenait pourtant les grands peintres liégeois du temps, s’adressa ici à un peintre d’Anvers, l’histoire de la peinture liégeoise semblant dans un creux en cette année 1646. Il fit de même pour le tableau de l’autel de la chapelle des capucins de Spa.
Lorsqu’il séjournait à Liège, Quellin logeait chez le curé de la paroisse Saint-Véronique, Gilles Masuyr. Celui-ci en a profité pour lui commander, pour son église, une Sainte Anne Trinitaire devant laquelle il s’est fait représenter en prière.
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