S’il remonte à l’Antiquité et s’il fut utilisé sporadiquement jusqu’à la Renaissance, le stuc s’est surtout épanoui dans nos régions à partir de la seconde moitié du XVIIe siècle. Son efflorescence tous azimuts date essentiellement du siècle suivant.
Le stuc (de l'italien stucco) est un mélange de plâtre, de chaux, de sable et de poudre de marbre, ce qui donne aux motifs la brillance du marbre blanc. Longtemps, pour notre pays, on a cru à une spécificité liégeoise, mais c’était simplement dû au hasard des études. Celles-ci ont longtemps porté sur les stucs au pays de Liège, mais on trouve en réalité les mêmes intervenants à travers tout le pays. Le premier exemple exceptionnel est le décor du jubé de la cathédrale de Tournai dessiné par Cornélis Floris (1570-1573).
Jan Christiaen Hansche, sur lequel on ne sait pratiquement rien sinon qu’il fut actif entre 1653 et 1685, est le premier stucateur reconnu dans nos régions, essentiellement parce qu’il a souvent signé ses décors, comme ceux du château de Modave. Mais il y avait beaucoup plus d’ateliers que l’on ne l’imaginait dès le XVIIe siècle. Ils étaient dirigés par de modestes artisans anonymes. Leurs décors offrent diverses parentés avec ceux que l’on trouve en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas et en Allemagne du nord-ouest.
Le XVIIIe est le grand siècle des décors en stuc, que l’on trouve dans maints hôtels de ville, palais, châteaux, hôtels de maître, églises, chapelles, presbytères ou couvents. Son développement suit les styles en vigueur dans les arts décoratifs, avec des motifs baroques, Louis XIV, rococo, puis néo-classiques hérités de la France mais largement adaptés. C’est le style rococo, dans ses diverses expressions, qui permit aux stucateurs de s’exprimer de la manière la plus inventive.
La vision sculpturale des stucateurs s’oppose souvent à la vision plus structurale des architectes qui les employaient et qui tendaient à gommer les spécificités des différents ateliers.
En ce siècle dit des Lumières, on relève une intense immigration tessinoise, qui s’est imposée dans nos régions en quatre vagues successives et qui a importé la technique du stuc à l’antique. L’arrivée de ces artisans semble avoir créé une grande émulation et celle-ci a permis l’émergence d’artistes locaux de talent, comme les Duckers, les Vivroux ou encore Antoine-Pierre Franck, l’un des rares sculpteurs à avoir été également stucateur.
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