Les fusillés pour l'exemple de la Grande Guerre

1914 : un contexte historique fragile

Les antagonismes européens qu'ils soient économiques, politiques, coloniaux, territoriaux mettent à mal un équilibre fragile en Europe au début du XX° siècle. La « paix armée » construite sur un réseau d'alliances qui oppose la Triple Entente (France, Angleterre et Russie) à la Triple Alliance (Allemagne, Autriche et Italie) vole en éclat avec l'attentat de Sarajevo en juin 1914.

A partir d'août 1914, le conflit devient européen puis mondial. La course aux armements en fait une guerre industrielle qui la rend très meurtrière, mais qui devrait en réduire la durée...

La bataille des frontières débute après l'invasion surprise de la Belgique par l'Allemagne. Mais incapables de se vaincre, les armées adverses s'immobilisent de la Mer du Nord à la Suisse, l'illusion d'une guerre courte s'éloigne.

Les tranchées

Creusées à la hâte, les tranchées s'étendent, l'insécurité y est constante : boue, peur, froid, faim, bombardements, présence de rats... C'est une guerre d'usure qui débute.

Les victimes (blessées ou tuées) sont nombreuses au début de la guerre. Parmi les tués : Charles Péguy, Alain Fournier... les blessés : Guillaume Apollinaire, Blaise Cendrars... Mais aussi de très nombreux anonymes, ces poilus, jeunes gens venus de toute la France métropolitaine et coloniale, pour défendre la patrie.

Les martyrs de Vingré

Les pertes humaines sont très nombreuses, notamment dans la Loire nous indique Paul Saumet qui a animé une conférence sur « les Réhabilités de Vingré : six soldats fusillés pour l'exemple le 4 décembre 1914 ».

Paul Saumet, professeur agrégé d'Histoire au Lycée Honoré d'Urfé de Saint-Etienne, s'est appuyé sur des documents judiciaires pour étudier ces événements tragiques, mais aussi sur des correspondances qui permettent de mieux en saisir l'aspect humain.

Pour justifier des pertes humaines inouïes, mais aussi pour maintenir l'élan patriotique, l'armée ne doit faire preuve d'aucune faiblesse. C'est pourquoi une justice exceptionnelle est mise en place.

A la suite de l'incident du 27 novembre 1914, à Vingré, dans l'Aisne, 24 soldats sont traduits devant le Conseil de Guerre. Paul Saumet nous détaille le déroulé, les enjeux du procès et son issue fatale pour 6 des soldats accusés (dont 2 ligériens). Il revient également sur les conséquences de ces décisions.

Certes, ce ne sont pas les seuls fusillés pour l'exemple, mais la Loire a payé un lourd tribut humain au cours de la Première Guerre Mondiale. Si la Cour de Cassation a permis de réhabiliter ces six martyrs de Vingré, Paul Saumet leur a rendu justice en dressant leur portrait et en analysant les raisons de leur sacrifice.