Après Corto Maltese, nous évoquons une autre figure bien connue du 9ème art. Indices : il est né 30 ans avant le marin aventurier, et avant de partir lui aussi autour du monde, il était surtout connu pour ses mèches rousses et sa tenue de groom.
Le Petit Spirou T19 On parle pas la bouche pleine de Janry chez Dupuis
Le Petit Spirou, c'est avant tout une galerie de personnages incroyables : de la grand-mamy en mal d'affection et souffrant d'Alzheimer jusqu'à M. Mégot, le professeur de gym adepte du moindre effort et des fake news, en passant par Suzette, petite amie officielle du petit Spirou, qui a décidé de devenir végane et star des réseaux sociaux en même temps. Mais c'est aussi une série qui a toujours alterné le « pur gag », très écrit ou muet, avec l'émotion à travers des histoires courtes pleines de sensibilité. Ce tome 19 ne fait pas exception à la règle.
Il s’agit du premier volume sans le scénariste originel, alter ego et complice de toujours du dessinateur Janry. En effet, Philippe Tome nous a quittés il y a 3 ans en octobre 2019, laissant désormais son ami seul à la barre de cette série désormais culte. Et pour ce dernier album, je ne sais pas si le dessinateur avait des notes, ou autres idées que son scénariste aurait pu lui laisser mais force est de constater qu’il n’y a pas grand chose à redire. L’album est dans la continuité de la série. Pas forcément des plus grands albums que l’on retrouve surtout au début du Petit Spirou mais il est largement dans la moyenne, avec quelques gags qui font presque rire, de nombreux autres qui font sourire et un mini récit d’ouverture - habituel de la série - réussi et plutôt émouvant pour évoquer l’adultère et ses conséquences. Les meilleurs gags restent pour moi ceux dont le professeur de sport est la toujours triste victime, pour notre plus grand plaisir. Et l’on pourra également noter un bien bel hommage au regretté scénariste en toute fin d’album.
Spirou et Fantasio, T17, de Morvan et Munuera chez Dupuis
Les Spirou et Fantasio de Jean-David Morvan et José Luis Munuera arrivent enfin en édition intégrale ! L'occasion de redécouvrir des titres aussi mythiques que Paris sous Seine (2004), L'Homme qui ne voulait pas mourir (2005), Spirou et Fantasio à Tokyo (2006) et Aux sources du Z (2008), albums nourris d'influences manga qui à l'époque firent réagir de nombreux fans en dépit de leurs incroyables qualités graphiques et narratives ! Pour compléter ces superbes titres, Christelle Pissavy-Yvernault propose un dossier exclusif de 50 pages, comprenant de nombreux documents et récits.
[...] ces intégrales de Dupuis, agrémentées des dossiers de Christelle Pissavy-Yvernault sont toujours très intéressantes : [...] vous saurez ainsi tout sur les coulisses de ces 4 ouvrages, la transition sur l’après Tome et Janry, les difficultés auxquelles Morvan et Munuera ont dû faire face au cours des 5 années qu’ils ont passé aux commandes de Spirou et Fantasio et le recul que les auteurs ont désormais pris, avec des interviews de nos jours sur leurs oeuvres de l’époque. Tout ceci est vraiment passionnant pour peu que l’on s’intéresse, un peu, aux à-côtés et aux processus de création. Le tout étant bien sûr accompagné de dessins inédits ou du moins peu connu du grand public avec des extraits de planches en noir et blanc du dessinateur ou des illustrations à l’aquarelle de nos 2 héros. Pour ce qui est des histoires, il est vrai qu’elles sont plus complexes, plus bavardes et plus chargées aussi bien sur le scénario que sur le dessin que leurs prédécesseurs, qui selon moi arrivaient à aller à l’essentiel, de façon très simple (du moins qui paraisse simple au lecteur), et c’est peut-être là où le bât blesse pour les BDS de Morvan et Munuera. [...] Ce ne sont pas mes Spirous préférés (ce sont ceux de Tome et Janry avec lesquels j’ai grandi, et j’ai aussi une grande affection pour ceux de Fournier et bien sûr Franquin, avec un Prisonnier du Bouddha que je garde toujours en tête lorsque je pense à Spirou et Fantasio) mais j’ai relu avec plaisir ces 4 aventures et surtout la 48ème L’homme qui ne voulait pas mourir, sorte de suite directe de Spirou et les héritiers de Franquin, une très bonne bd d’aventures à la recherche d’une source donnant la vie éternelle. Malgré une fin que je trouve personnellement pas satisfaisante, le 50ème volume Aux Sources du Z est audacieux et osé. Et je retiens aussi, un excellent Spip toujours très drôle et réussi avec ces 2 auteurs.
Spirou et Fantasio, T56 La mort de Spirou de Guerrive, Abitan et Schwartz chez Dupuis
À l'approche du centenaire des Éditions Dupuis, Spirou et Fantasio ont la mauvaise idée de disparaître de la surface de la Terre ! Peut-être justement parce qu'ils sont en dessous. Dans la cité sous-marine de Korallion, qu'ils avaient déjà visitée lors d'une précédente et mythique aventure de Franquin : Spirou et les Hommes-Bulles...
Aux manettes graphiques de ce nouveau Spirou : Olivier Schwartz, dont le dessin vintage pratiqué sur « Le Groom vert-de-gris » est reconnu des amateurs du héros, dans la lignée en quelque sorte des premiers Franquin, voire de Jijé. Après le graphisme moderne de Yoann qui ne me plaisait pas vraiment, les éditions changent de direction pour revenir aux sources en quelque sorte. Malheureusement pour moi, je n’apprécie que guère les nouvelles têtes de nos héros. Et si l’on pouvait reprocher à Munuera, un dessin un peu trop élastique, toute proportion gardée, le trait d’Olivier Schwartz nous propose lui aussi des personnages bien souples et de drôle de postures mais ce ne sont que des détails graphiques qui n’engagent que moi. À l'écriture du scénario, un duo composé de Benjamin Abitan, auteur et homme de radio qui a notamment mis en onde - brillamment - les aventures de Tintin pour Radio France, et Sophie Guerrive, auteure des remarqués Tulipe et Le Club des amis. Malgré quelques reproches sur des points de détails notamment sur des intéractions dans les bulles de réalité - je vous laisse découvrir de quoi il en retourne - les auteurs nous proposent une première partie relevée au cliffhanger insoutenable dévoilé par une très belle couverture. Spirou est-il vraiment mort ? Peut-on faire mourir Spirou ? Réponses dans le prochain épisode.
Zombillenium, T6 Sabbath Grand Derby d'Arthur de Pins chez Dupuis
Le parc d'attractions Zombillénium, qui garde toujours prisonniers des dizaines de visiteurs, est convoité par de nombreux démons, chacun désireux d'en devenir actionnaire majoritaire. Seule méthode d'arbitrage acceptée de tous : le Sabbath Grand Derby, épreuve sportive aussi violente qu'inventive où s'affrontent cinq sorcières auxquelles vont être donnés en pâture les visiteurs du parc... Parmi les candidates, une certaine Gretchen, décidée à jouer son va-tout puisqu'elle ne peut compter sur l'aide d'Aurélien-Baphomet... Les spectateurs du Sabbath Grand Derby, retransmis comme un banal programme de téléréalité, vont en prendre plein les yeux ! Gretchen, elle, risque d'en prendre plein la figure...
Avec son parc d’attractions confiés à de véritables monstres, Arthur de Pins a semble-t-il trouvé le bon filon dans ses anciennes mines du nord de la France où se déroule son histoire et où se trouve le parc de Zombillenium ! Grand succès pour cette série auprès du public avec même un film d’animation sorti au cinéma en 2017. Et ces jours-ci, s’achève donc cette série avec un 6ème et dernier volume. Alors que notre gérant voit son parc d’attraction être convoité par de nombreux démons, chacun désireux d'en devenir actionnaire majoritaire, une seule méthode d'arbitrage est acceptée de tous : le Sabbath Grand Derby, une épreuve sportive aussi violente qu'inventive où s'affrontent cinq sorcières auxquelles vont être donnés en pâture les visiteurs du parc... Parmi les candidates, une certaine Gretchen, bien connue des lecteurs, décidée à jouer son va-tout depuis qu’elle ne peut plus compter sur l'aide d'Aurélien devenu le démon Baphomet… On ne vous en dévoile pas plus si vous ne connaissez pas Zombillenium et que vous souhaitez embarquer dans un tour de train fantôme aux côtés de ces joyeux monstres. On peut cependant vous dire que c’est un final sur les chapeaux de roues ou plutôt balais de sorcières avec ce grand match de balle au prisonnier revisité façon Quidditch. Nous y retrouvons avec plaisir le dessin particulier d’Arthur de Pins, un dessin numérique sans encrage des contours de ses personnages, qui donne un effet film d’animation qui n’est pas pour me déplaire et l'on retiendra de nombreuses séquences cinématographiques. Dans les seuls reproches que l’on peut faire à cet album, c’est que le dénouement est un peu rapide et manque quelque peu d’émotions. Ce sixième tome marque la fin de la série mais pas forcément de l’univers. En effet, l’auteur ne s’interdit pas de revenir dans son parc d’attraction notamment pour y raconter les origines de Zombillenium. Et l’on peut ajouter qu’une série télévisée ainsi qu’un deuxième film sont aussi en projet.
Les tuniques bleues, T66 Irish Melody de Kris et Lambil chez Dupuis
Virginie, le 17 mars 1862, jour de la Saint-Patrick. Alors que les membres de la Brigade irlandaise - des soldats nordistes originaires d'Irlande - célèbrent leur fête nationale, Chesterfield est à la recherche de cette graine de déserteur de Blutch. Mais voilà qu'un soldat de la Brigade croit reconnaître en la personne du sergent un cousin ! Avec sa chevelure rousse et son sale caractère, Cornelius - pardon, « Corny » - serait-il d'origine irlandaise sans le savoir ? Une révélation qui va l'obliger à des choix cornéliens !
Le scénariste Raoul Cauvin, nous ayant quitté l’an dernier, le dessinateur Lambil, qui ne peut se résoudre à 86 ans à poser ses crayons se voit donc confier d’illustrer cet Irish Melody de cette brigade irlandaise (Irish Brigade), brigade d'infanterie, composée en majorité d'irlando-américains, qui a servi dans l'armée de l'Union lors de la guerre de Sécession. Et nous retrouvons pour cette nouvelle aventure, un scénariste breton que nous apprécions beaucoup à Marque Page, il s’agit de Kris que nous vous avions déjà présenté à l’occasion de ses Coupures Irlandaises et plus récemment de l’adaptation de la biographie de l’illustre footballeur irlandais George Best. Comme vous le voyez, l’Irlande est un sujet qui tient à cœur au scénariste qui a donc imaginé que Chestferfield possèdait un cousin irlandais. Proposition validée par le dessinateur historique des Tuniques Bleues qui s’est donc lancé dans la réalisation de cette 66ème aventure des plus réussies. Et ce ne sont pas les quelques reproches sur un scénario qui résonne avec la 23ème aventure, Les Cousins d’en face, et le fait que Chesterfield délaisse un peu trop facilement son compère Blutch - il ne se préoccupe bizarrement pas qu’il puisse déserter ou tirer au flanc - qui vont doucher notre plaisir de lecture. Car l’histoire est enlevée et l’humour au rendez-vous ! Bien sûr, côté dessin, à 86 ans, Lambil n’a plus la maîtrise des années fastes et ses personnages ne sont plus aussi précis qu’auparavant, mais comme pour les petits détails soulevés au sujet du scénario, cela ne gâche en rien de lire une bonne bd des tuniques bleues, car il faut malheureusement le dire, les aventures de nos soldats, ces dernières années, n’étaient pas toutes aussi réussies loin de là.
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