Depuis quelques décennies seulement, l'enfant est considéré comme une personne à part entière, une personne juridique qui a des droits. L'enfant était pensé comme soumis au pouvoir des adultes. Jusqu'au début du XXe siècle, la mortalité infantile était telle que l'enfant n'a suscité qu'un intérêt relatif dans la société occidentale. Les progrès de la médecine ont permis que l'on s'intéresse à l'enfant, au développement de son corps, de ses capacité intellectuelles et langagières. Et bien plus récemment à ses émotions. Siècle après siècle, les adultes lui ont prodigué des soins, une éducation et une affection toujours plus grands. Catherine Rollet, historienne et démographe, nous raconte l'histoire des enfants, de l'Antiquité à nos jours. Elle répond à Véronique Alzieu.
Durant l'Antiquité, l'enfant était vu comme un mammifère qu'il faut élever, dont il faut prendre soin car il ne sait ni parler ni marcher. "Enfant" vient du latin infans et signifie "celui qui ne sait pas parler". Dans la Grèce dans la Rome antique, des sociétés esclavagistes, les mères déléguaient souvent leurs l'allaitement à des esclaves. On a trouvé toutefois des scènes de tendresse entre enfants et parents...
Ce qui advient de nouveau au Moyen Âge, ce sont les noms de famille. Ainsi, l'enfant qui vient est un maillon dans la chaîne des générations : il représente l'espoir de voir la lignée continuer, il est l'héritier du nom.
Au XVIIe siècle, Vincent de Paul (1581-1660), celui que l'on a appelé "le grand saint du Grand Siècle", accueille de façon décente des enfants abandonnés. Sa démarche est peu à peu reconnue et institutionnalisée, elle reçoit même une aide financière du roi. Si bien que, pour la première fois, il y a une prise en charge par l'État de l'enfance. Dans un pays qui se développe et renforce son industrie et son commerce, ces enfants représentent de futurs soldats, citoyens, paysans ou producteurs... L'enfant devient un enjeu sociétal, dont la nation a besoin.
Au XIXe siècle, les choses changent du côté du soin apporté aux enfants : à cette époque naît la pédiatrie. C'est aussi la période où l'on voit les sentiments apparaître dans les journaux, les biographies ou la correspondance. Tendresse qu'il faut rattacher à un fait démographique : la limitation de naissances, apparue dès le XVIIIe siècle, se renforce au siècle suivant. Les parents ont plus de temps pour s'occuper de leurs enfants et se soucier de leur éducation. Catherine Rollet, historienne et démographe, nous raconte l'histoire des enfants, de l'Antiquité à nos jours. Elle répond à Véronique Alzieu.
Au XIXe siècle, siècle de l'inventivité et de la production en masse, perce le marché de la puériculture, des vêtements pour enfants, des jouets... On fabrique des objets à la taille des enfants ! Ces jouets sont pour la plupart des répliques miniatures des objets qu'utilisent les adultes. Malgré tout cela, il faut encore attendre plusieurs décennies pour que l'enfant, et même le nouveau-né, soit considéré comme un être à part entière, capable de ressentir des émotions. Jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, on garde une vision tronquée de l'enfant.
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !