Liège
C’est avec deux grands spécialistes de la question qu’est abordée l’orfèvrerie liégeoise : Pierre Colman, professeur émérite d’histoire de l’art des Temps modernes à l’Université de Liège, et Luc Engen, ancien conservateur du Musée Curtius et directeur honoraire du Musée communal de Huy.
Ces deux membres fondateurs de l’Académie d’histoire de l’orfèvrerie en Belgique expliqueront comment ils en sont venus à s’intéresser à l’orfèvrerie, dans la foulée des travaux de Joseph Brassinne. Le sujet en valait la peine, Liège s’étant avérée un foyer provincial de haut niveau dans le domaine de l’orfèvrerie, en particulier au XVIIIe siècle.
Si la publication, en 1966, de la thèse de Pierre Colman sur l’orfèvrerie religieuse liégeoise des Temps modernes a constitué un moment important dans la connaissance des orfèvres de nos régions, la création, en 1985, de l’Académie d’histoire de l’orfèvrerie en Belgique a représenté une autre étape décisive dans l’approche scientifique du sujet. Cette association fut à l’origine de plusieurs expositions remarquables renouvelant la connaissance du sujet, comme en témoigne le catalogue de l’importante exposition de 1991 sur l’orfèvrerie civile ancienne du pays de Liège.
Trois types d’alois étaient en vigueur à Liège aux XVIIe et XVIIIe siècles. Le plus commun est l’argent de poinçon (avec 85,4 % d’argent minimum à partir de 1622, ce qui est plus faible que dans les villes de Pays-Bas). On trouve aussi, mais plus rarement, l’argent de louis (91,7 %) et l’argent de Bavière (66,7 %).
Les pièces faisaient l’objet de différents marquages permettant un contrôle strict et assurant ainsi une garantie de bonne composition aux clients. Le poinçon onomastique, généralement présenté sous forme d’initiales du prénom et du nom de l’orfèvre, permettait d’identifier celui-ci. Les orfèvres étaient tenus d’enregistrer leur poinçon auprès de la corporation sur une table dite d’insculpation, qui reprenait leur nom à côté de leur poinçon. Les tables d’Ancien Régime ayant disparu, l’identification des orfèvres relève souvent du casse-tête et de nouveaux poinçons de maître sont identifiés chaque année par nos deux spécialistes. Du reste, ceux-ci publieront incessamment un répertoire des poinçons d’orfèvres liégeois dans les pages des ressources en ligne du site web de l’IRPA (http://balat.kikirpa.be/tools.php).
Pour le contrôle, les poinçons les plus significatifs étaient ceux de la corporation, qui comportaient quatre marques : le blason princier (ou le buste de saint Lambert pendant les interrègnes) ; le blason de la Cité sous forme d’aigle bicéphale surmontant, à partir de 1667, une date, le plus souvent celle du début du règne princier ; la lettre annale renvoyant l’année du règne (ex. : D = la 4e année du règne en cours) ; enfin, la striche, ou rayure-éprouvette, minuscule prélèvement qui était pesé pour vérifier la conformité de l’aloi.
Découvrez encore plus de "leçons" d'histoire de l'art liégeois par Pierre-Yves Kairis dans son émission "D'art et d'histoire de Liège" sur RCF Liège.
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