Malaumont : Une église romane méconnue à restaurer

Intro : Par un temps brumeux d'automne, nous montons sur le plateau de Malaumont à 320 m où un petit vilage perché nous dévoile son église St Martin en partie du XIIème siècle et qui semble défier les siècles qui passent.

 

Le coup de coeur des visiteurs

Les présentations faites, le ler adjoint de la commune et longtemps maire délégué de Malaumont, Bruno Lanterne nous confie son attachement à cette église de petite taille, à taille humaine qui permet ainsi une bonne convivialité.

Alain conseiller municipal souligne les nombreuses évolutions et apports architecturaux au cours des siècles qui se sont succedés. Pour Colette de la paroisse, la structure avec un choeur et un avant-choeur constitue une organisation unique qu'elle tient à souligner. Stéphane, notre spécialiste du patrimoine est ravi de revoir ce site rare en Lorraine et en Meuse : un bel exemple de l'art roman du XII ème siècle.

 

Colette, Alain, Bruno et Etienne

 l'histoire de Malaumont : objet d'un article dans la nouvelle revue Lorraine en 2022

Grâce au Travail d'Olivier Petit Historien qui a parcouru les chroniques de l'abbaye bénédictine St Laurent de Liège de 1106, par exemple, rien ne nous échappe sur l'histoire de ce petit village.

En 1066, (pour se repérer, conquête de l'Angleterre par Guillaume le conquérant), l'empereur Henri IV entérine la dépossession pour félonie d'une partie des biens de la comtesse Mathilde de Bar au profit de l'évêque Thierry de Verdun.

Mais en 1120, après un long procès, retour du village au comte de Bar, qui confie la gestion aux évêques de Toul.

En 1186, l'évêque Pierre de Brixey (dont le frère fut le ler abbé de Rangeval) confie la gestion à la nouvelle collégiale de St Nicolas à Commercy.

La collégiale St Nicolas que l'on devine sur un tableau de la salle des mariages de l'hôtel de ville de Commercy

Au XVème siècle, la nef est rehaussée de 2,5 m les murs pourvus de meurtrières. Ainsi fortifiée, l'église reçoit les villageois en cas de trouble

Au XVIème, la sacristie vient s'adosser au clocher.

En 1633, scandale : un chanoine de Commercy prie pour le salut du roi de France avant le duc de Lorraine.

En 1733, on procède à un remplacement de la charpente et de la nef : date visible sur un madrier.

Enfin en 1908, le clocher est classé Monument Historique et en 1994 la sacristie et le choeur sont inscrits à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques.

l'église vue de l'extérieur

Stéphane se plait à nous rappeler les caractéristiques de l'église : 24 m de long sur 10 m de large et hauteur 12 m. la nef est en baie en plein cintre, ébrasée agrandie au XVIIIème.

Le Mur est rehaussé au cours du XV ème avec la présence de meurtrières . Comment ne pas penser à nos visites récentes à Vertuzey, Troussey et St Pierrevillers.

La nef romane

le clocher de style roman bien sûr possède sur ses faces un étage campanaire ou l'on découvre 2 baies géminées en plein cintre sous cordon de billettes. Le spécialiste se fait un plaisir de nous préciser ces apports architecturaux. Sur la Façade nord, au niveau inférieur des arcatures en plein cintre romanes soulignant la corniche.

On voit bien au dessus des baies géminées en plein cintre le cordon de Billettes

 

Le Portail du XVIIIème possède une croix au dessus du linteau.

A gauche, une pierre sculptée semble romane. Stéphane nous explique que cette pierre était de remploi et on peut découvrir une croix sculptée issue de l'ancien portail. C'est une hypothèse.

4)L'intérieur de l'église

Il existe une nef unique : petite, voûtée sur croisées d'ogives avec voutains en briques.

2 travées, 2 colonnes d'inspiration romane (fin XIXème, début XXème)

Les chapiteaux et les tympans sont cubiques, épannelés aux angles, à volutes, soit à feuilles stylisées, soit à feuillage.

chapiteau

Nous profitons de la présence de Stéphane pour poser toutes nos questions;

l'Avant choeur : fait office de choeur et de soutien du clocher (1170-1180), Il existe des croisées d'ogives en forme de gros boudins romans. Très précoces, comme les églises vosgiennes. (Champ le duc, Droiteval). 2 arcades en plein cintre sur des demi-colonnes sont aussi remarquables

les chapiteaux romans de la fin XIIème ont constitué des modèles pour la nef. Les bases des colonnes sont en forme de langues et de volutes aux angles.

Il faudra traiter les problèmes d'humidité lors de la restauration, par drainage, du fait de l'exhaussement du sol du cimetière.

Colette nous fait remarquer aussi un Tableau massif du XVIIème : une descente de croix qui occupe une bonne partie du chevet.

5)Les curiosités de l'église et du village :

Il existe un vitrail de St Martin qui rappelle l'origine de l'église même s'il n'existe pas de statue.

Une statue de St Louis : l'amour des habitants de Malaumont pour la France ? La présence d'un évêque qu'il faudra réussir à identifier.

Statue de St Louis

Ste Odile d'Alsace, aveugle de naissance, miraculeusement guérie représentée avec ses 2 yeux sur un livre représentant la règle bénédictine.

Colette nous montre le confessionnal qui est, en fait, la sacristie avec une petite lucarne sur l'église pratique pour le curé de confesser ses ouailles en toute discrétion.

Colette aime aussi nous parler de la légende de "La grenouille de Malaumont" : objet d'un ouvrage de René Barbaud. Au bord d'une mare surprenante sur ce plateau calcaire, elle recevait les confidences des habitants et avait un côté protecteur. Un tailleur de pierre (sans doute un collègue de Stéphane !) a réalisé une sculpture qui fait le bonheur des randonneurs de passage

L

La légendaire grenouille

Alain nous fait remarquer aussi la présence de mur en pierres sèches le long des jardins, des propriétés. Récupération des pierres des champs par les agriculteurs au cours des siècles.

  l'activité de la paroisse

Chaque année est célébrée une messe à la St Martin (le 11 novembre). Cette année, on attendait, en vain, l'été de la St Martin mais le soleil était au RV dans les coeurs et la petite église était comble pour cet événement. Ensuite, le pot de la mairie fut un moment de retrouvailles pour les habitants d'aujourd'hui et aussi les anciens habitants qui ont gardé de solides racines.

Une autre messe est célébrée chaque année par le curé de la paroisse de Saint Charles de Foucault du pays de Commercy.

 

Le grand projet de la restauration :

Pour Colette et Bruno Lanterne, on en parle depuis 20 ans mais aujourd'hui le projet est bien avancé. Des contacts ont été pris avec la DRAC, le département, sous l'égide de l'Architecte des bâtiments de France. On sent un engouement des habitants pour redonner du lustre à ce joyau roman. Il faut prendre un maître d'oeuvre, monter des dossiers. La fondation du patrimoine donnera son soutien technique et administratif.

Bien sûr ce sera un gros budget et une souscription devra être réalisée. Nul doute que nos auditeurs sauront le moment venu aider ce village (déductions fiscales à 66% comme un don)

Alors comment faire connaître ce joyau oublié ? Une association est en train de se créer en Meurthe et Moselle : le circuit de St Martin. Pierre Briot, notre consultant saura faire connaître la détermination de Malaumont pour intégrer cette structure. 

 

Vitrail de St Martin qui donna la moitié de son manteau à un nécessiteux

Merci à nos amis de Malaumont qui ont su nous convaincre, Stéphane et moi, (et vous j'espère) de l'urgence de cette restauration. Alors pour être optimiste, on a su se mobiliser au niveau national pour Notre Dame de Paris et c'est tant mieux. Gageons qu'en milieu rural et à notre niveau, nous saurons avec vous relever ce défi pour Malaumont.

Etienne 16/11/2024