Cette semaine, nous allons parler de monstres et autres démons qui pullulent dans les rayons de vos librairies ou hantent vos bibliothèques.
Mauvais monstre d'Enzo Berkati chez Glénat
Dans un monde où tout individu obtient, au moment de sa puberté, un petit monstre qui l'accompagnera toute sa vie, Éloïse, comme tous les ados de son âge, attend l’éclosion de l’œuf qui donnera naissance au sien. Surtout depuis que Célie, la coqueluche de la classe, vient d’obtenir Pandou, évidemment le monstre le plus mignon de tout le collège. Problème : Éloïse va, elle, finalement se retrouver affublée d’un « mauvais monstre » pas mignon du tout, que l’on associe généralement aux personnalités maléfiques et que l’on prétend doté de dangereux pouvoirs paranormaux… Hors de question de donner un nom à cet horrible « Machin », et encore moins de le montrer aux autres ! Déjà en marge du collège, comment Éloïse va-t-elle gérer cette fâcheuse situation ? Pourra-t-elle cacher son secret longtemps ? Et surtout, usera-t-elle des pouvoirs de son mauvais monstre pour de bonnes raisons ?
Cette série s’intéresse à différentes problématiques que rencontrent nos ados, notamment le regard des autres, ou encore la réputation que l’on peut avoir. [...] Il ajoute du fantastique à travers ses monstres qui sont une des composantes de la popularité de ses adolescents au collège, comme si ce n’était déjà pas assez difficile d’être soi-même! En effet, plus le monstre est mignon, voir intéressant et plus son possesseur jouit d’une belle popularité. Malheureusement pour Eloïse, qui n’était déjà pas très populaire, elle va hériter d'un mauvais monstre, un monstre vraiment moche, que l’on associe aux personnalités maléfiques. Par contre, il a des pouvoirs contrairement à la grande majorité des monstres, et ça, c’est quelque chose dont pourrait tirer parti notre adolescente râleuse. Évidemment, le jeune auteur à travers ses monstres évoque la puberté qui voit nos corps et comportements soumis à des changements, des émotions plus fortes où l’on peut devenir plus facilement méchant même sans s’en rendre forcément compte. Pour un premier album surtout en tant qu’auteur complet, Enzo Berkati, signe un récit fluide et parfaitement maîtrisé, les 80 pages de l’album se lisent avec plaisir mais on aurait aimé un peu plus de surprises et que l’auteur pousse un peu plus ses curseurs pour finir de nous convaincre totalement mais nous suivrons avec intérêt la suite des aventures d’Eloïse et son monstre.
Le journal de Raymond le démon de Luc Blanvillain chez l'école des loisirs
Quand Raymond le démon a accepté cette mission, il était très confiant, persuadé qu'il n'aurait aucun mal à détourner du droit chemin Anne-Fleur Berzingue. Sur les deux mille dernières années, jamais aucun enfant ne lui a résisté. Mais cette fois, il est tombé sur un cas difficile. Cette gamine semble allergique au vice. Impossible de lui faire commettre la moindre méchanceté. Raymond ne sait plus à quel saint se vouer... Il va devoir employer des stratagèmes diaboliques et se comporter comme un démon, un vrai !
Le travail des démons est d’inciter nos charmantes petites têtes blondes à commettre le plus grand nombre de bêtises, railleries ou mauvaises blagues en leur suggérant à longueur de temps quel comportement ils devraient adopter… En règle générale, ces derniers arrivent très facilement à éloigner les enfants du droit chemin : ne pas faire ses devoirs, répondre à ses parents, faire le clown en classe, embêter ses camarades… chaque jour ces êtres maléfiques mais surtout invisibles remportent victoire sur victoire. Mais ce n’est pas le cas d’Anne-Fleur qui s’est donnée pour mission de toujours faire le bien, même quand l’envie la dévore de répondre aux provocations de Bérénice son ennemie de toujours. Notre héroïne est incapable de commettre la moindre méchanceté, une simple pensée maléfique lui est tout simplement insupportable ! Raymond va donc devoir trouver de nombreux subterfuges pour pouvoir mener notre jeune fille à faire preuve de vilénie, à moins que ce ne soit lui qui abandonne l’idée d’être démoniaque ? Construit sur un format de journal intime, nous suivons jour après jour les avancées de Raymond Le Démon dans sa quête diabolique et c’est une vraie réussite! Chacune de ses mésaventures ne peut nous empêcher de rire et de sourire tant l’humour et la comédie sont présents dans ce premier tome. Cela n’empêche pas d’emmener le lecteur sur des réflexions plus profondes notamment sur les comportements dont peuvent faire preuve les enfants envers leurs camarades, ami ou pas. En donnant la part belle à un démon, qui est notre narrateur et qui s’adresse directement au lecteur, les notions de “bien” et de “mal” sont abordés avec une grande justesse et beaucoup de malice. Certes, la lecture demande déjà un certain sens de l’ironie et de second degré mais je le recommande à tous les jeunes lecteurs et même aux plus grands !
L'ogre lion T2 Les 3 lions de Bruno Bessadi chez Drakoo
Roi déchu et amnésique, Kgosi erre sur les terres du Nord. Guidés par Othila la souris, le guerrier et ses compagnons arrivent dans la cabane du shaman Logrine, où l’attendent redoutables révélations sur son passé. Abasourdi, Kgosi poursuit sa quête de rédemption qui le mène vers les terres Sud et le foyer de Wilt. Un chemin d'infortune parsemé de rencontres mortelles…
L’ogre lion de Bruno Bessadi est une histoire pour adolescents et adultes amateurs de Conan de Robert Howard. Pour vous rappeler le contexte. Kgosi, un lion est un roi déchu et amnésique, qui erre sur les terres du Nord. Il y rencontre le chevreau Wilt et avec lui, ils se dirigent vers les terres du Sud d’où est originaire Kgosi. Il faut savoir que notre lion est maudit, à chaque fois qu’il meurt, l’esprit de Bakham Tyholi pourfendeur de carnivores vient le posséder. Guidés par Othila la souris, le guerrier et ses compagnons arrivent dans la cabane du shaman Logrine, où l’attendent de redoutables révélations sur son passé. Abasourdi, Kgosi poursuit sa quête de rédemption qui le mène vers les terres Sud et le foyer de Wilt. Un chemin d'infortune parsemé de rencontres mortelles… L'Ogre Lion est un récit de fantasy avec des animaux anthropomorphiques, inspiré entre autres de Conan le Barbare ou même Thorgal, tel le héros amnésique qu’il a été, selon les propres déclarations de l'auteur Bruno Bessadi aux commandes de sa première oeuvre en solo. Après un premier tome posant l’univers et la plupart de ses personnages, l’intrigue n’avance que très peu, mais l’histoire s’étoffe grandement en nous faisant découvrir le passé de tyran de Kgosi, bien loin du lion qu’il est devenu. Nous connaissons à présent ses origines ainsi que celles du démon qui vit en lui, Bakham Tyholi. Notre ogre lion finit bien mal embarqué mais bien en route sur la terre de ses origines pour un final que l’on imagine violent. Car si graphiquement, on retrouve avec plaisir le trait de Bruno Bessadi et ses courbes arrondies, ses grands yeux, et son trait semi réaliste où l’on sent des influences des dessins animés de Walt Disney, l’histoire est pour un public averti, et ce graphisme "gentil" vient se confronter violemment à des scènes de d’actions où le sang coule à flot… L’album pour cela est d’ailleurs conseillé seulement aux adolescents et affinités avec des barbares bagarreurs. Ce contraste est bien sûr intéressant et les couleurs de Joo continuent de coller tout à fait à l’ambiance du récit et du trait de Bruno Bessadi. Du côté scénario, l’histoire avance donc peu mais dorénavant le lecteur est comme Kgosi; il connaît enfin son passé, reste à connaître maintenant son futur et savoir comment va finir cette trilogie dans le prochain et dernier volume.
Spoon and White T2 A gores et à cris de Léturgie, Yann et Léturgie chez Bamboo
Rien ne va plus pour les deux pires flics de New York. Ils se retrouvent en vacances forcées après une énième affaire fumante. Cela leur laisse le temps de tenter d’approcher la belle Courtney Balconi. La journaliste enquête sur un mystérieux psychopathe qui hante les bas-fonds. Mais alors qu’elle joue les appâts pour démasquer le monstre, on découvre une 25e victime. À ses côtés, le pauvre Spoon avec l’arme du crime dans les mains... Interrogatoires, prison, évasions, cavales, fusillades et bavures : le duo le plus naze de la police va devoir se surpasser pour se sortir de la panade !
A chaque page, je retrouve toujours une blague, un bon mot ou un dessin qui me fait à minima sourire voire rire. Et qui plus est, ce deuxième volume sorti initialement au début de l’année 2000 rentre totalement dans notre thématique de l’émission à savoir monstres et compagnie, car nos deux héros, sont sur les traces de l’ogre du Bronx. Un serial killer qui sévit depuis de nombreux mois dans la grosse pomme. Suite à une fumante affaire dans un magasin de jouets, les deux pires flics de New-York, Spoon et White, se retrouvent en vacances forcées. Comme toujours, ils tentent à tout prix d’approcher la belle Miss Balconi, journaliste réputée aussi belle que talentueuse, qui enquête sur ce mystérieux Ogre du Bronx, qui terrorise la ville. Alors qu’elle faisait l’appât pour pouvoir découvrir l’identité du monstre, on découvre la 25ème victime et à ses cotés, le pauvre Spoon avec dans ses mains l’arme du crime. C’est ainsi que le petit acolyte de White découvre l’envers du décor de son métier : Interrogatoires, prison, évasions, cavales et pendant celle-ci, il rencontre le docteur Hannibal… A vous d’imaginer la suite... Et c’est ainsi que Spoon, qui, on le rappelle, est passionné de Clint Eastwood, se retrouve dans la peau de l’évadé d’alcatraz ! Références à Psychose, le silence des agneaux bien sûr avec un docteur Hannibal en recherche d’un dentier mais aussi Le Fugitif ou encore Les ailes de l’enfer. Vous trouverez également parmi les figurants du second plan, Travis Bickle soit le Robert De Niro de Taxi Driver ou même l'extraterrestre E.T ! Bref, il y a de nombreux clins d’oeils rigolos tout au long de cette lecture. Il fait bien sûr aimé l’humour au 3ème degrés et accepter de suivre deux véritables crétins, il n’y a pas d’autres mots pour les définir. On peut ajouter que cette nouvelle édition bénéficie d’un lifting de couleurs, moins grises et ternes, pour un résultat un peu plus chaud et agréable à l’oeil. Sans oublier quelques petits bonus en fin d’album. Si la série n’est pas indispensable dans son ensemble, les 4 premiers méritent de s’y attarder un peu, voilà l’occasion de le faire avec cet excellent divertissement déjanté.
Programmation musicale :
Un monstre, Louis-Jean Cormier
Extrait de Monstres et Cie de Pete Docter, David Silverman et Lee Unkrich
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