Deux ensembles de peintures murales du XV e siècle, aussi exceptionnels que méconnus, ont récemment fait l’objet d’une enquête interdisciplinaire exemplaire : il s’agit des peintures de la voûte de la chapelle du château de Ponthoz et des peintures du chœur et des nefs de l’église
Saint-Lambert de Bois-et-Borsu. Ces deux décors peuvent être attribués à un même maître, par ailleurs miniaturiste.
Même s’il ne s’agit que de rares témoins de tout ce qui exista jadis, l’ancien diocèse de Liège a conservé d’importants ensembles de peintures murales gothiques de la période allant du XIV e au XVI e siècle. Songeons à l’ancienne église abbatiale de Floreffe, à l’église Saint-Georges à Leffe, au portail d’entrée de Saint-Paul à Liège, à l’ancienne collégiale de Dinant, à l’ancien béguinage de Saint-Trond, à l’église Sint-Odulphus de Borgloon, dans les églises de Forêt et de Tohogne, dans l’église désaffectée d’Anthisnes ou dans les chapelles de Vieuxville et de Wiesenbach, etc. Cela nous rappelle que nos vieilles églises étaient souvent entièrement polychromées. Les peintures murales de Ponthoz et de Bois, dans l’entité de Clavier, figurent parmi les plus intéressantes.
Les études techniques ont démontré l’utilisation de matériaux identiques à Ponthoz et à Bois. Ces peintures offrent aussi de nombreuses similitudes stylistiques. On peut manifestement les attribuer à un même artiste, qui travailla sur ces deux sites vers 1460. Les donneurs d’ordre furent, à Ponthoz, Wautier de Corswarem, chanoine de Saint-Lambert, et, sans doute, le seigneur de Bois à l’église Saint-Lambert.
Les thèmes iconographiques sont d’une grande subtilité, autour des prophètes à Ponthoz et avec une large place laissée à des saints locaux comme saint Lambert et saint Hubert à Bois.
Le récent rapprochement opéré avec un manuscrit colonais contemporain conservé à l’Université de Liège ouvre des perspectives nouvelles sur la personnalité du « Maître de Ponthoz », qui semble avoir aussi été miniaturiste. Ce manuscrit présente de nombreux points communs avec ces ensembles, que ce soit sur le plan stylistique ou iconographique. Cela donne à penser que Wautier de Corswarem, formé à l’Université de Cologne, a fait appel à ce maître rhénan à ce jour non identifié.
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