Un ciné-concert « Kaamelott : premier volet » en tournée dans toute la France jusqu'à la fin de l'année : ce samedi 23 septembre, ce spectacle hors les murs de l'ONL passera à la Halle Tony Garnier, à Lyon. L'événement devrait rassembler des milliers de fans. Une communauté omniprésente sur internet, très fidèle et nombreuse depuis presque 20 ans.
« Le gras, c'est la vie », « on en a gros », « c'est pas faux », des répliques devenues culte que vous connaissez peut-être. Ces punchlines sont tout droit venues d'une série télévisée française née dans les années 2000 : Kaamelott. La série s'inspire de la légende du Roi Arthur et des chevaliers de la Table Ronde. Elle naît en 2003 dans l'esprit du Lyonnais Alexandre Astier. Diffusée à l'origine sur M6 à partir de janvier 2005, son ton humoristique, parfois dramatique mais toujours décalé, va vite séduire le public. Rapidement, une communauté de fans très fidèle et nombreuse se forme autour de Kaamelott.
Yann a 25 ans en 2005, un peu déçu que Caméra Café se termine sur M6 après 7 saisons. Il adorait l'humour de cette shortcom et refuse donc de voir ce qui la remplace sur la chaîne. Un jour, sur son canapé avec des amis, il découvre la nouvelle série remplaçante : Kaamelott. 20 ans plus tard, Yann est administrateur d'une des plus importantes pages Facebook de fans de la série. « Kaamelott, ma religion » compte près de 75 000 membres. « J'étais membre en tant que fan, et à force de discuter avec les administrateurs, ils m'ont recruté », explique le Roannais.
L'humour et l'écriture d'Alexandre Astier a tout de suite séduit Yann : « au premier degré, ce sont des thèmes durs, des sujets lourds : pauvreté, guerre, mort. Mais au second degré, c'est une comédie où les personnages sont drôles mais sans en avoir conscience ». C'est ce décalage qui va créer ce sourire ou ce rire, face à des personnages comme Perceval ou Karadoc. Mais ce qui l'a encore plus séduit, c'est de partager cette passion en communauté. Des rencontres ou des évènements Kaamelott ont lieu un peu partout en France. « J'ai rencontré des dizaines de personnes de tout le pays. Aujourd'hui, j'ai de très proches amis grâce à la série, ça a changé ma vie », confie-t-il. En retour, Yann et les fans ont eu besoin de redonner à Alexandre Astier et s'investir pour la série.
Kaamelott reprend la légende arthurienne et en adaptant ses codes, plonge les téléspectateurs dans un univers. « C'est une recette du succès », explique David Peyron, sociologue de l'art et de la culture, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’université d’Aix-Marseille. Il a beaucoup travaillé sur les communautés de fans en ligne. Il analyse le cas de Kaamelott : « l'univers riche de Kaamelott, à travers ses décors, ses costumes, ses dialogues, ses références, crée une bulle pour le fan qui peut s'y échapper et cela favorise une appropriation de l'œuvre ». Une approche très anglo-saxonne selon lui, qui se retrouve dans des séries de films comme Star Wars, le Seigneur des Anneaux ou Harry Potter. « Cette appropriation leur a permis de grandir et parfois de donner un sens à leur vie ».
Si certains fans voient cette œuvre comme une religion, leur dieu serait-il Alexandre Astier ? Pour David Peyron, Alexandre Astier a dès le début séduit les fans car avant d'être auteur et réalisateur, lui-même est un fan. Le Lyonnais partage ses passions et ses références geek sur les plateaux de télévision, il donne des conférences sur l'astronomie, mais n'apparait pourtant que très rarement dans les médias. « Il se place comme fan auteur, ce qui encourage les fans eux-mêmes à se dire "c'est possible, moi aussi je peux devenir auteur". Et de l'autre côté, le fait qu'il soit absent sur la scène médiatique crée un certain mystère qui favorise ce culte de la personnalité », analyse le sociologue.
En parallèle de la diffusion de la série, à partir de 2005, des communautés de fans se créent, à l'époque où internet émerge en France. Des Skyblog, des forums puis des pages Facebook et des comptes Twitter apparaissent et se multiplient. Le fil des réseaux sociaux est parsemé de citations de Kaamelott, de fanarts, de GIF et de mèmes des meilleurs dialogues de la série. « On arrive a créer nos propres punchlines kaamelotiennes », confie Yann, le fan roannais. Et tout ça, selon David Peyron « permet de nourrir cette attente entre les saisons, les bandes dessinées, les films Kaamelott et de rendre à l’œuvre ce qu'elle nous a apporté. Et ce qui fait qu'une œuvre est culte, c'est qu'elle continue de vivre avec le temps ».
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