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Rembercourt aux pots : une "église-cathédrale" surprenante

Rembercourt aux pots : une "église-cathédrale" surprenante

Un article rédigé par Etienne PAYEUR - RCF Lorraine Meuse, le 12 avril 2025 - Modifié le 15 avril 2025
Merveilles en LorraineRembercourt aux pots : une "église-cathédrale" surprenante

Par un chaud soleil inhabituel pour un début avril, nous nous rendons dans le centre de la Meuse à Rembercourt aux pots. Un nom bien étrange qui cache en fait un bourg  poste frontière, au moyen-âge, avec des poteaux (pots) aux confins de la France et de l'empire.

Devant le portail de l'église  Devant le portail de l'église

Autour de la table,  nous rencontrons  Sylvain Obara (Maire), pour la paroisse Henri-Michel Soncourt, Pascal Ramand, passionné de l'histoire de son village et Stéphane Henriot, notre spécialiste du patrimoine religieux.                        

1) le coup de coeur de nos invités                  

Pour Sylvain,  l'église est impressionnante. Dimensions :  longueur 60 mètres,  largeur du Transept 30 mètres et 15 m de hauteur.  Même remarque pour Henri-Michel,  un vaisseau de pierre avec des arcs-boutants.  
Pascal, habitué des lieux attire notre attention sur les stalles du 17 ème siècle : 11 stalles qui proviendraient du chœur de l'église abbatiale cistercienne de Saint Hoïlde (Bussy la côte)

Les stalles de l'ancienne abbaye de Ste Hoïlde à Bussy la côte (Meuse)


On remarque la richesse et qualité de leur décor de fleurs, de fruits et d'oiseaux. 
Stéphane  souligne les voûtes de  la nef de l'église  qui s'élèvent  sur 2 niveaux. Les grandes arcades des 5 travées retombent sur de grosses colonnes engagées. 
Les voûtes sont  à croisement simple. Le chœur et le transept  possèdent  des liernes et des tiercerons et sur la clé de voûte, le visage de St Louvent patron de la cité. 

les liernes et tiercerons

                                        les liernes et tiercerons avec la tête  de St Louvent et l'aigle.
                                     
2)Rembercourt :  une vaste cité

On peut s'étonner de la présence d'une église aussi vaste dans un si petit village. Il ne s’agit ni d’une cathédrale, ni d’une abbatiale, car en ce lieu n’ont jamais résidé un évêque ou des moines. Cet édifice lumineux est le témoin de la Foi. C'est ignorer qu'au Moyen Âge, l'église était un lieu de pèlerinage important consacré à Saint Louvent.  Les historiens évaluent  la  population à 3 100 habitants avant la peste de 1635, soit plus que la ville de Nancy à la même époque, mais qui amorça à cette date son déclin qui va s'amplifier avec la guerre de Trente ans.
Ce bourg  se trouve en zone frontalière, aux confins du Barrois et du Verdunois. Les ’’Pots’’ qui qualifient le village ne sont pas des marmites, mais plutôt les poteaux marquant la frontière (un lieu-dit de la commune porte encore le nom de ’’ Fin de France’’ et la devise  in Fines Gallica. 
La ville possédait  aussi un couvent de Franciscains depuis 1447, un Hôtel-Dieu avec l'église Sainte-Madeleine fondé en 1499.
                                     

l'église St Louvent la mini-cathédrale au centre de la Meuse 

3)L'église Saint Louvent 
L'église fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques. Elle contient les premiers objets classés monuments historiques en France sur proposition de Prosper Mérimée,  alors inspecteur général des Monuments historiques, en 1840.
Cette église est dédiée à la gloire St Louvent (ou Lupin) : né peu avant 540, Abbé de St Privat de Mende, pendant une douzaine d’années, ordonné par l'évêque du Gévaudan, Évanthe, en 576. Louvent eut à dénoncer  les scandales des grands de son époque. Dénoncé à la Reine Brunehaut, reine d'Austrasie, par le Comte Innocent de Javols, il se rend à la cour, jugé à Metz,  il est remis en liberté.
Sur le chemin du retour, il est martyrisé et assassiné, décapité par des hommes du comte, vers l'an 584 le 22 octobre, et fut jeté dans la rivière « In Axona » l’Aisne.
Sa tête fut miraculeusement retirée par un aigle qui l'aurait déposé au territoire actuel de l'ancienne ville de Rembercourt (diocèse de Verdun).  

                  Tableau dans l'église de l'assassinat de St Louvent 


4)  les autres éléments à voir dans l'église 

Un portail, début du XVI ème, renaissance rectangulaire séparé par un trumeau orné  d'une statue de la vierge à l'enfant avec des  tympans ajourés de fenêtres gothiques. 
Les voussures sont ornées de culots et de dais flamboyants abritant les scènes de la passion, de la résurrection et de la Pentecôte. 
Pascal  aimerait faire l'inventaire  de ces richesses  en faisant des photos par drone.  
Les techniques nouvelles au service du  patrimoine initiative à encourager. 


Il existe aussi des épitaphes et dalles funéraires anciennes :                  
Épitaphe de Pierre Dupron, écuyer  mort en 1673 et son épouse en 1679.
Dalle funéraire de Colin Driger  marchand et bourgeois mort en 1501.
Épitaphe de Nicolas Dubois chapelain de Rembercourt décédé en 1516.        

Le portail de l'église 


5)  Travaux  de la municipalité :
Sylvain, le maire, est fier de disposer de ce beau patrimoine.  Mais l'entretien est coûteux : mise hors d'eau, remaniement de la toiture, écoulement des eaux.
Il aimerait à l'avenir faire des travaux de façades extérieures, de démoussage par exemple.
Appel donc aux financeurs.


6)  l'activité de la paroisse                        

                                 Carte de la paroisse St Jacques et ses 57 villages 

Henri-Michel nous présente une paroisse atypique. 57 villages, 53 clochers pour seulement  7000 habitants. 40 km de longueur. Par exemple de Beaulieu en Argonne  à Fresnes au mont. Il n'existe pas de bourg-centre. Pour lui, ce n'est pas un inconvénient, chacun se prend en  main et il compte 150 bénévoles. 
Chaque village fête sa fête patronale  mais le ler dimanche de juin,(le seul de libre) une grande fête paroissiale est organisée.  Vélo,  procession de St Louvent, repas, spiritualité  donne à cette journée un grand côté festif.  "la chouille" pour reprendre une expression  lorraine.


      7)A voir dans le secteur

La Chapelle de St Louvent : Le 30 juillet 1944 au cours d'une procession, les habitants font un vœu de bâtir une chapelle si le village est épargné. Tous les artisans de la région contribuent à la construction de l'édifice sous l'impulsion du chanoine Joignon, curé. 
Il existe à l'intérieur  des Vitraux de St Louvent et Vierge de pitié. 
Une messe est célébrée  le Lundi de la Pentecôte et un pique-nique est organisé. 
Le monument de la bataille de la Vaux Marie : En septembre 1914,  des combats importants ont eu lieu en surplomb du village, pendant la bataille de la Marne. Cette bataille a permis de repousser les assauts allemands et a éviter l'encerclement de la place-forte de Verdun. Maurice Genevoix, sous-lieutenant au 106 ème RI a raconté cette violente offensive dans son livre "ceux de 14"
                                   

Plaque apposée sur le champ de bataille 


La Nécropole nationale :  La 2ème en Meuse après Douaumont.  Sylvain nous explique  
que sont enterrés 5500 soldats français  en tombes individuelles ou dans les  2 ossuaires et aussi  4900  soldats allemands 
Le monument Cazeilles : Léon Cazeilles est  un colonel  tué en 1940 à Rembercourt, lors de la campagne de France. Écrivain ensuite, il donna son nom à la  Promotion  St Cyr 1995-1998.


Notre rencontre a permis, une fois de plus, de redécouvrir cette "mini cathédrale rurale",  au sein d'une paroisse très étendue mais riche de ses hommes et femmes dévoués.
Merci encore à nos invités. Nous reviendrons bientôt  visiter un de ces 53 clochers. Erize la brûlée  est au programme,  à suivre prochainement.

Etienne   05/04/2025

Les merveilles de Lorraine
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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