JavaScript is required

Song, une adolescence dans la guerre du Vietnam prix du jury œcuménique de la BD 2024

Un article rédigé par STEPHANIE GALLET - RCF, le 12 janvier 2024 - Modifié le 12 janvier 2024
La BD de la semaineSong, une adolescence dans la guerre du Vietnam

La BD Song vient d'obtenir le prix 2024 du jury œcuménique de la bande-dessinée. C’est le récit d’une adolescence passée dans la jungle aux côtés des révolutionnaires vietnamiens pendant la guerre contre les Etats-Unis. Un album publié chez Ankara à retrouver dans la chronique BD de Stéphanie Gallet.

Song édition AnkamaSong édition Ankama

La guerre du Vietnam, Lihn l’a passée dans la jungle où, sur un coup de tête elle a rejoint son père engagé dans l’armée de libération nationale. Six années, que bien plus tard, sa fille lui fera raconter. Un récit pudique et intime qui raconte une adolescence hors norme, bien loin des clichés véhiculés par le cinéma. Un album publié chez Ankama et signé Hai-Anh la fille de Lihn et de son amie Pauline Guitton pour le dessin.

Une adolescence au coeur de la guerre du Vietnam

Nous sommes en 1969, Lihn a 16 ans quand elle décide sur un coup de tête, sans savoir vraiment où elle va, de rejoindre dans la jungle son père qu'elle n'a jamais vu et qui est engagé dans l'armée révolutionnaire du FLN. C'est un mouvement de tendance nationaliste et communiste. Le Vietnam est en pleine guerre contre les américains et après plusieurs années de mobilisation dans le Nord, ces révolutionnaires reviennent dans le sud et se cachent dans le maquis à la frontière cambodgienne. Lihn y restera jusqu'à la fin de la guerre en avril 1975. Cette histoire, elle la raconte 45 ans plus tard à sa fille Hai-Anh, l'autrice de cet album. Une fille qu'elle a eu des années après la guerre  alors qu'elle s'était installée à Paris.

Le témoignage le la guerre et des errances révolutionnaires

Son récit retrace de façon très pudique,  le quotidien de la vie dans cette armée révolutionnaire. Comme son père est cinéaste et que les intellectuels sont mal vus, elle doit faire ses preuves et au début elle est assignée à  la cuisine. C'est une mission très dure physiquement et avec beaucoup de pression car la faim est quotidienne et le feu ne doit pas être remarqué par l'ennemi. En fait, derrière ce qui pourrait apparaître comme une aventure collective, on découvre  énormément de solitude et d'isolement.

Son père est un inconnu et surtout les liens familiaux ne sont pas très bien vus. A demi-mot, Lihn témoigne dans cet album des errances de cette idéologie révolutionnaire et surtout du mépris de l'individu : tout doit s'effacer derrière le collectif et la révolution. Elle raconte aussi les longs et fastidieux exercices quotidiens d'autocritique auxquels elle n'a jamais réussi à adhérer. Lihl n'a pas combattu, et la guerre n'apparaît qu'en arrière plan avec la peur des bombardements et l' angoisse d'être découverts qui oblige à déménager le campements régulièrement 

 

La BD de la semaineSong, une adolescence dans la guerre du Vietnam

Après plusieurs années en cuisine, Lihn est autorisée à rejoindre la section cinéma. Les indépendantistes filmaient tout pour pouvoir tout documenter. Elle va devenir monteuse et c'est dans cette jungle au sein de cette guérilla qu'elle va apprendre son métier de réalisatrice.

Une histoire de transmission 

L'autrice veut comprendre pourquoi tout est si compliqué avec sa mère, pourquoi leur relations ne sont jamais apaisées. Elle a le sentiment qu'elle pourra trouver des réponses en la faisant parler de son passé. Et elle a raison, c'est en entendant sa mère lui raconter son adolescence mais aussi la vie de ses grands parents qui ont sacrifié leur famille pour obéir au parti qu'elle va petit à petit comprendre les souffrances de sa mère et sa difficulté à être mère.

Un album qui est aussi un hommage à la culture vietnamienne et surtout à sa langue. Le titre Song veut dire vivant, en vie et pour l'autrice c'est bien ce qui résume sa mère. Et chaque chapitre, chaque souvenir est résumé par un verbe en vietnamien. Un verbe qui permet d'inscrire ces aventures singulière dans une expérience universelle.

extrait de Song, édition Ankama

 

Hai-Anh, la fille de Lihn, a demandé à Pauline Guitton, son amie d'enfance de dessiner l'histoire de sa mère. Celle-ci nous offre une palette bien différente des kakis et des bruns habituels pour évoquer la guerre du Vietnam. Ici la jungle est d'un magnifique vert émeraude. Des couleurs vives, un dessin plein de douceur pour atténuer la violence de ce qui est raconté.

Au final, c'’est vraiment récit intime écrit à hauteur de jeune femme. Un témoignage très éloigné de l'image que nous pouvons avoir de cette guerre par le cinéma.

Song de Hai-Anh et Pauline Guitton est publié chez Ankama

 

©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
La BD de la semaine
©RCF
Cet article vous a plu ?
partager le lien ...

RCF vit grâce à vos dons

RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation  de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

Faire un don
Qui sommes-nous ?

RCF est créée en 1982, à l'initiative de l'archevêque de Lyon, Monseigneur Decourtray, et du Père Emmanuel Payen. Dès l'origine, RCF porte l'ambition de diffuser un message d'espérance et de proposer au plus grand nombre une lecture chrétienne de la société et de l'actualité.

Forte de 600.000 auditeurs chaque jour, RCF compte désormais 64 radios locales et 270 fréquences en France et en Belgique. Ces 64 radios associatives reconnues d'intérêt général vivent essentiellement des dons de leurs auditeurs.

Information, culture, spiritualité, vie quotidienne : RCF propose un programme grand public, généraliste, de proximité.Le réseau RCF compte 300 salariés et 3.000 bénévoles.

RCF
toujours dans
ma poche !
Téléchargez l'app RCF
Google PlayApp Store
logo RCFv2.14.0 (21796db) - ©2024 RCF Radio. Tous droits réservés. Images non libres de droits.