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Swamini Amritajyoti Prana, au cœur de l'hindouisme

RCF, le 22 avril 2024 - Modifié le 29 avril 2024
VisagesSwamini Amritajyoti Prana, au cœur de l'hindouisme

Comment comprendre la relation disciple-gourou, si importante dans l'hindouisme ? L'hindouisme est-elle une religion polythéiste ? À 21 ans, celle qui ne s'appelait pas encore Swamini Amritajyoti Prana a découvert l'Inde où elle a vécu une expérience spirituelle forte. La Française n'a cessé depuis d'y retourner, jusqu'à devenir elle-même nonne hindoue. Elle est aujourd'hui la représentante en France et la disciple d'Amma, connue dans le monde entier pour ses câlins. Le récit de son histoire nous invite à une exploration au cœur de l'hindouisme.

"Dans la tradition originelle de l’hindouisme, tout est divin..." ©Swamini Amritajyoti Prana"Dans la tradition originelle de l’hindouisme, tout est divin..." ©Swamini Amritajyoti Prana

Comme son nom l’indique, Swamini Amritajyoti Prana est une nonne hindoue. "Swamini" est en effet le titre que portent les renonçants dans l’hindouisme. "Ce que Amma m’a proposé en 2020", raconte-t-elle. Amma, c’est le guide spirituel auprès de qui Swamini Amritajyoti Prana est engagée depuis 1988. Elle est aujourd'hui sa représentante en France, ainsi que la présidente de la Fédération védique de France. Comment une Française est-elle devenue disciple de l’un des plus grands maîtres spirituels de l’hindouisme ?

Le choc de l’Inde

C’est l’histoire d’une jeune fille de 21 ans qui a décidé en 1971 de partir découvrir l’Inde, par curiosité. Elle qui était diplômée en sciences physiques, passionnée par la compréhension de "la matière des choses", a vécu une expérience spirituelle forte. Elle y est retournée deux ans après - deux ans après avoir vécu "un choc culturel complet, absolu". En 1973, elle a voulu y aller cette fois "uniquement pour rencontrer Mâ Ananda Moyî", cette "grande sage" dont lui avait parlé son professeur de musique - et qu’elle avait vue dans le film d’Arnaud Desjardins "Ashrams" (1959).

Mâ Ananda Moyî (1896-1982) qui était de son vivant déjà considérée comme une sainte. "Dans ce qui m’habitait à ce moment-là, je voulais la rencontrer, ça me semblait être ce que j’avais de mieux à faire dans ma vie, se souvient Swamini Amritajyoti Prana. Et ça a été la grande rencontre, qui a changé le cours de ma vie… ou peut-être qui m’a mise dans le cours de ma vie !" Une fois devenue professeur de sciences physiques, la jeune française retournera auprès de Mâ Ananda Moyî l'année suivante. "Parce que je voyais que bon la science, c’était une chose, que la spiritualité c’était merveilleux, mais je n’arrivais pas à faire le lien entre les deux. Et je souffrais, je souffrais énormément, psychologiquement."

À l’ashram de Mâ Ananda Moyî, celle qui ne s’appelait pas encore Swamini Amritajyoti rencontre Arnaud Desjardins. Réalisateur de télévision, il a fait découvrir dans les années 60, 70 en France, les maîtres spirituels de l’Inde ou du Tibet, mais aussi les maîtres zen et soufis. Lui-même a mené une vraie quête spirituelle. "Il a subi ce qu’on appelle une sadhana, décrit Swamini Amritajyoti, un cheminement spirituel auprès d’un maître tout à fait extraordinaire, Swami Prajnanpad."

 

Dans tous les domaines, à partir du moment où quelqu’un se retrouve en position de pouvoir, on trouve le même fonctionnement de manipulation, abus…

 

Comment comprendre la relation gourou-disciple ?

Arnaud Desjardins, qui a ouvert son ashram en 1974, est devenu le maître spirituel de Swamini Amritajyoti. Il encourageait lui-même ses disciples à rencontrer différents maîtres, différents "gourous", comme on dit dans l’hindouisme. Un mot souvent vu comme péjoratif en France, synonyme de secte, voire d'emprise spirituelle. Certes, dans les années 70 en Inde, où se rendaient beaucoup d'Occidentaux, il y a eu des abus. Swamini Amritajyoti reconnaît que l'on peut vite se perdre sur un chemin spirituel en Inde. Mais elle observe que le phénomène d’emprise n’est pas réservé au domaine spirituel. "Dans tous les domaines, à partir du moment où quelqu’un se retrouve en position de pouvoir, on trouve le même fonctionnement de manipulation, abus…"

Difficile pour un Occidental de comprendre cette relation disciple-gourou, tellement importante dans l’hindouisme. Auprès d’Amma, Swamini Amritajyoti a vécu 14 ans. "Je n’ai cessé de m’émerveiller et d’être abasourdie par sa liberté intérieure." Un maître spirituel, c’est quelqu’un qui a "fait suffisamment de travail sur son inconscient et ses motivations, pour être libre". Pour ne pas avoir besoin de posséder l’autre, d’avoir une emprise sur lui. Il est "en état de yoga", c’est-à-dire "libéré de la prison de l’égo". "L’ego, questionne Swamini Amritajyoti, est-ce un instrument qui nous apporte des données ou est-ce que c’est lui qui prend des décisions dans son monde de j’aime, je n’aime pas, j’ai envie, je n’ai pas encore ça me plaît, ça ne me plaît pas ?"

Les gourous sont-ils vus comme des humains ou comme des divinités incarnées ? "Dans la tradition originelle de l’hindouisme, tout est divin, répond la nonne française. D’ailleurs si on y réfléchit un petit peu, s’il y a autre chose que le divin, cela limite le divin, or le divin c’est l’illimité." Auprès de maîtres comme Mâ Ananda Moyî, Arnaud Desjardins ou Amma, Swamini Amritajyoti Prana a trouvé des personnes qui l’ont "convaincue que la vie elle-même était bienveillante à notre égard et était pure conscience, pur amour inconditionnel". Mais elle confie : c'est "quelque chose qui m’a demandé des années, moi, à vraiment le vivre"...

Disciple d’Amma

En France, il y a un ashram d’Amma près de Toulon et un autre près de Chartres, où vit Swamini Amritajyoti Prana. C’est en 1988 que la Française a rencontré Amma. Une Indienne aujourd’hui âgée de 70 ans, célèbre dans le monde entier pour ses câlins. Amma a en effet une façon de prendre les gens dans ses bras d’une manière très tendre. Des millions de personnes ont déjà reçu ce "darshan".

Comme beaucoup de personnes qui rencontrent Amma, la deuxième fois qu’elle l’a vue, Swamini Amritajyoti a pleuré. "Ce n’étaient pas des pleurs de tristesse." Amma est "installée dans ce niveau d’être, d’amour inconditionnel", décrit sa disciple. D'une certaine façon, quand elle nous voit, elle voit la divinité qui est en nous. "Je pense d’ailleurs que c’est ce qui fait que les gens sont tellement touchés. C’est comme si quelque chose traverse toutes les couches de l’ego, tous ces nuages qui nous cachent le soleil intérieur. Elle arrive à toucher directement la profondeur."

 

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Une religion inclusive

Des milliers de personnes vivent dans l'ashram d'Amma en Inde. "C’est pour moi un nouveau miracle d’Amma, commente sa disciple, qu’elle elle arrive à guider chacun individuellement chacun de là où il en est à jusqu’où il peut aller avec tout son potentiel." Chaque jour, une personne différente y témoigne de son expérience vécue. On y découvre la diversité des parcours individuels. Pour beaucoup, ce qu’ils ont vécu "a éclairé ce qu’ils cherchaient, ça apporté une clarification sur ce qu’ils voulaient vraiment".

Auprès d’Amma, "certains se sont réconciliés avec le christianisme", raconte Swamini Amritajyoti. Ainsi, une religieuse des Missionnaires de la charité, l’ordre fondé par mère Teresa, qui voulait devenir disciple d’Amma. "Tu as déjà ton maître c’est Jésus", lui a dit Amma. "Elle l’a renvoyée à sa congrégation."

D’ailleurs Swamini Amritajyoti Prana confie avoir elle-même récemment "redécouvert le message du Christ" au moment de la fête de Pâques. D’ailleurs à l’ashram de Plessis, on fête Noël et Pâques et on trouve les portraits de Jésus et Marie. C’est que l’hindouisme est une religion très inclusive. On y enseigne que "la vérité est une" et qu’il y a "beaucoup de voies pour l’atteindre". "Surtout, surtout, supplie la nonne, ne nous battons pas parce qu’on est sur des chemins différents !"

 

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